Les violences intrafamiliales, une problématique que l’on connaît malheureusement trop bien à La Réunion. Delphine*, mère de famille raconte son calvaire, sa peur constante face à son ex-compagnon. Une histoire qui se rajoute à d’autres pour le Cevif, le collectif pour l’élimination de ces violences. Elle montre la douleur de la réalité face aux actions de l’État. Le pack nouveau départ, l’une des mesures déjà existantes doit se généraliser dans toute l’île dans les prochains mois.
Elle redoute encore les représailles de son ex compagnon, pour préserver son anonymat nous l’appellerons Delphine. Elle raconte les violences physiques, psychologiques et parfois même sexuelles dont elle a été victime. "Au début j’ai été naïve, je pensais que les choses allaient s’arranger et que tout allait rentrer dans l’ordre. Plus les années passent et plus les choses empirent. Mon enfant et moi on se faisait lancer des choses dans la figure. A un moment je disais que chez moi c’était l’Irak, tellement on voyait les bombes voler".
Delphine et son fils ont subi ces violences chaque jour jusqu’à ce qu’une dernière crise les pousse à dire stop. "Mon enfant demandait du lait, mais on n’avait pas le droit de parler, l’enfant n’avait pas le droit de pleurer. Avec mon enfant, on se parlait avec des signes. Quand il entendait son père se lever, il cachait son biberon. Je ne pouvais pas laisser mon enfant dans ce quotidien de violence et de pleur. J’ai pris la décision de partir".
Delphine est loin d’être un cas isolé, à La Réunion, entre 13 et 15 femmes dénoncent chaque jour des violences conjugales, mais partir reste l’étape la plus périlleuse. Près d’un tiers des féminicide se produit à ce moment. Aidée par ses parents, Delphine a réussi à fuir, pour les autres, un dispositif d’accompagnement baptisé pack nouveau départ est testé dans le sud et l’est de l’île pour faciliter ces départs à haut risque.
"À partir du moment où vous vous rapprochez d’un gendarme, d’un médecin, d’une association tel que le CEVIF, vous voulez vous engager dans un processus de séparation. Un travailleur social va vous rappeler et identifier avec vous tous les freins qui vous freinent dans ce parcours de violence et va vous aider à mettre en place un projet", explique Frédéric Rousset, Président du CEVIF (collectif pour l’élimination des violences intrafamiliales).
Depuis juin 2024 le dispositif pack nouveau départ a déjà accompagné une cinquantaine de femmes, il devrait être étendu à l’ensemble de l’île d’ici septembre.