Nouveau drame à La Réunion ce week-end. Chloé âgée de 34 ans a été retrouvée mortellement poignardée dans sa voiture dans la nuit de samedi à dimanche. À ses côtés, son ex-conjoint. Grièvement blessé, il est toujours hospitalisé. Encore sous le choc ce matin, le voisinage témoigne.
C’est un drame qui a plongé tout un voisinage dans l’horreur. Dans les couloirs, le nom de Chloé résonne. Ce voisin se souvient avoir entendu une dispute dans l’appartement lundi soir dernier. “Beaucoup de meubles remués, cassés. J’ai entendu le cri de la maman. Jamais on aurait pensé voir un truc comme ça. Ça nous a choqués.”
Dans le quartier, le suspect n’a pas une bonne réputation, il est souvent alcoolisé ou sous l’emprise de stupéfiants. “Vendredi j’ai vu sa fille. Le gars, je l’ai vu arriver ici, il était un peu suspect", raconte un voisin.
Depuis quelques mois, la mère de deux enfants tente de se séparer de son conjoint, mais il menace de se suicider. Chloé s’était rapprochée d’un ami, quelques jours avant sa disparition, elle le remerciait pour son soutien dans un message. “Je voulais te dire merci parce que sans toi, je n’aurais pas su qui il était vraiment et j’aurais continué à être soumise. Je t’aime.”
Ses voisines sont sous le choc. “Ça me fait pleurer”, déplore l’une d’entre elles. “C’est triste d’entendre ça. Je la voyais déposer son marmaille à l’école.”
L’homme aurait tenté de se suicider
Le suspect est connu des forces de l’ordre pour violences conjugales. Il était en garde à vue la semaine dernière pour les mêmes faits. L’association l’union des femmes réunionnaises déplore le manque de moyens dans les programmes mis en place pour aider les femmes victimes de violences conjugales. “Comment un féminicide peut-il se produire quand la victime dénonce les violences et que son entourage est en alerte ? Qu’est-ce qui aurait pu être fait pour sauver la vie de cette mère de famille ?”
Le suspect est toujours sous surveillance au CHU de Saint-Pierre. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’homme aurait tenté de se suicider après avoir tué sa compagne. L’enquête est en cours pour faire la lumière sur ce féminicide.
Selon le parquet de Saint-Denis, le suspect a été condamné une fois en 2018 pour des faits de vol (trois mois avec sursis). La victime avait déposé plainte le 14 octobre et le mis en cause a été convoqué le 18 octobre pour le 6 novembre devant le délégué du procureur, "pour la mise en œuvre d’un classement sans suite, sous condition d’effectuer un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales dans le délai de six mois".
Toutes les pistes restent ouvertes
“Une des hypothèses de travail est celle d’un meurtre par conjoint, suivi d’une tentative de suicide de celui-ci. Toutes les pistes restent cependant ouvertes, n’excluant pas l’intervention d’un tiers en l’état des résultats des premières investigations. Aucune mesure de garde à vue n’est pour le moment envisageable”, fait savoir la procureure de la République.
“Les deux enfants du couple font ce jour l’objet d’une mesure d’évaluation en vue de leur placement dans le milieu familial ; le juge des enfants pour leur protection, et le juge aux affaires familiales pour statuer sur l’autorité parentale, vont être saisis. L’association ARAJUFA a été requise pour procéder à une évaluation personnalisée de situation de la famille de la victime, afin de déterminer toute mesure d’aide et de soutien nécessaire dans le cadre de la présente procédure”, ajoute le Parquet.
En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. En 2022, La Réunion était le cinquième département français au taux de victimes de violences conjugales enregistrées le plus élevé après la Seine-Saint-Denis, la Guyane, le Pas-de-Calais et le Nord, selon l’Insee.