Le procureur Bernard Legras qui avait mis en examen 22 des 24 maires de La Réunion dans les années 90 est de retour dans l’île.
Le procureur Bernard Legras évoque son temps comme magistrat à La Réunion où il avait été envoyé pour lutter contre la corruption.
"La situation était très particulière. Je suis venu en catastrophe pour remplacer un procureur qui avait eu de gros problèmes, qui avait été suspendu. C’était l’époque où il y avait une corruption généralisée, des émeutes. Il y avait des enjeux majeurs."
"La chancellerie était débordée par les événements, j’avais une forme de carte blanche pour remettre de l’ordre dans la maison du Parquet. J’avais déjà occupé plusieurs postes de procureur, la chancellerie cherchait un procureur tourné vers la corruption et l’économie."
"Plusieurs maires de La Réunion ont eu des gros soucis à des niveaux différents. À l’époque, la corruption était banalisée. Je cite souvent Louis Nicolas qui lorsqu’il a été interpellé a dit ’Excusez-moi, je pensais qu’on faisait ici comme en Afrique’. C’était de la corruption sur de la commande publique, il y avait presque des tarifs. C’était une corruption un peu gros doigts. Les enquêteurs ont dû travailler sur des paradis fiscaux, il y avait quand même derrière une sophistication."
"J’ai lancé un certain nombre d’enquêtes, les forces de gendarmerie se sont mobilisées avec des enquêteurs qui étaient à la hauteur. On a réussi avec un soutien très fort de la population. Nous avons pu compter sur la population et les médias. Je n’ai jamais subi de pressions, on n’a jamais tenté de me corrompre, personne n’a eu cette idée saugrenue."
"On a beaucoup travaillé sur la Justice de proximité, on a fait des réunions au Chaudron avec les jeunes."
"J’ai ensuite été nommé en Corse après l’assassinat du procureur Erignac. L’idée était différente. Un journaliste nous a proposé de témoigner sur les conditions particulières de l’exercice de la Justice en Corse pour faire réagir les instances."
"Je suis expert pour l’Union européenne, on m’a spécialisé sur les Balkans. Je travaille sur la Bosnie-Herzégovine et j’aide les magistrats locaux à préparer son entrée dans l’Union européenne."