A la demande de la victime, le dernier procès de la session d’assises se déroule à huis clos. Pendant trois jours, la Cour doit juger une affaire d’inceste, celle d’un père de famille aujourd’hui âgé d’une cinquantaine d’années qui a violé et agressé sexuellement sa fille, mineure au moment des faits. L’histoire devient encore plus sordide lorsque devenu impuissant, l’homme pervers est accusé d’avoir pris plaisir à regarder son fils abusé de sa propre soeur. Le quinquagénaire est également accusé d’avoir proposé le corps de sa fille à des proches de la famille, en échange d’argent, des rendez vous qu’il organisait dans la forêt de l’Etang Salé. Aujourd’hui âgée de 19 ans, la victime a tenu à être présente au procès pour revenir sur les dix ans de calvaire qu’elle a subi.
Dans le box des accusés, devant la Cour d’Assises, le père de la victime -accusé de viol et agressions sexuelles sur son enfant - ne cache pas ses remords selon son avocat. Il explique être "prisonnier de ses pulsions".
Depuis l’âge de huit et pendant dix longues années, la victime a subi les assauts pervers de son père mais aujourd’hui, elle souhaite s’expliquer devant les jurés à huis clos. "Il s’agit de faits criminels graves et c’est la raison pour laquelle elle a demandé à pouvoir s’expliquer devant les personnes, devant les jurés et les juges professionnels qui vont juger ses agresseurs mais elle souhaitait le faire à huis clos" explique Maître Aude Cazal, l’avocate de la victime.
L’avocat du prévenu, Maître Frédéric Hoarau explique : "Je crois que les regrets sont exprimés depuis un certain temps et aujourd’hui, il les a matérialisés par le langage, il l’a dit à sa fille. Maintenant, il a conscience aussi que les regrets ne permettront pas la réparation de sa fille".
Aux côtés de l’accusé, le frère de la victime comparaît libre. Il devra également expliquer comment il a abusé de sa soeur sous le regard de son père. Deux prévenus autres prévenus sont sur le banc des accusés : ils sont aujourd’hui poursuivis pour agressions sexuelles sur la jeune fille mineure au moment des faits, en échange d’argent. Ces deux "clients" n’ont à aucun moment alerté les autorités compétentes quant à cette affaire d’inceste à laquelle ils ont participé en payant le père de la victime pour abuser sexuellement de la jeune fille.
Après dix ans de calvaire, la victime a porté plainte peu de temps avant sa majorité. Sa soeur aînée aurait elle aussi subi des agressions sexuelles mais elle n’a pas déposé plainte.
Mercredi 6 octobre, les auditions des témoins s’enchaîneront à la barre, afin de revenir dans le détails sur les faits et de déterminer la responsabilité de chacun des accusés. La prise de conscience du père de famille et des autres prévenus pourra peut-être aider la victime à se reconstruire après ces dix années de cauchemar et briser la loi du silence qui règne trop souvent dans les affaires d’inceste.
