Dans cette deuxième et dernière partie du procès concernant le recel de malfaiteur, les seize accusés, soupçonnés d’avoir aidé et caché Juliano Verbard d’octobre 2006 à août 2007, devront attendre le 14 mai prochain pour savoir à quelle peine ils seront condamnés. .
Après avoir passé une journée entière à la barre ou bien dans le box des accusés, les seize adeptes de Cœur douloureux et Immaculé de Marie devront attendre le 14 mai prochain pour savoir à quelle peine ils seront condamnés pour recel de malfaiteur. L’affaire a en effet mise en délibéré.
Ce deuxième acte de l’affaire Verbard aura pourtant été usant car d’une durée qui semblait interminable. En effet, après que le juge Morgan, ce matin, ait relaté les faits qui se sont produits entre octobre 2006 et août 2007, après qu’il ait entendu les 16 prévenus ayant caché le gourou pendant cette période, l’heure du réquisitoire de Danielle Braud est arrivée en fin de matinée.
" Le premier sentiment qui m’envahit, c’est la tristesse de s’être embarqué dans cette histoire, mettant en péril leurs familles. Vous étiez tous au courant que Juliano Verbard était recherché ", déclare d’entrée de jeu Danielle Braud, vice-procureure. " On est amené à faire réfléchir les gens comme vous, à vous poser des questions ", poursuit-elle en faisant référence aux situations professionnelles et scolaires des accusés qui sont pour la plupart loin d’être défavorables, un parcours de vie jusque-là sans tâche en somme.
" Si tout ça vous fait rire, moi cela me fait peur, car si on recherchait Juliano Verbard, c’est parce qu’il avait été reconnu coupable de viol sur mineur, on ne voulait évidemment pas qu’il recommence, on veut l’attraper le plus rapidement possible, mais vous, vous ne réfléchissez pas, vous ne prenez pas de distance, vous le cachez alors qu’il est fondamental qu’on mette la main sur Juliano Verbard ", enchaîne Danielle Braud.
" N’aurait-on pas pu éviter l’enlèvement du jeune Alexandre si vous tous vous n’aviez pas caché et protégé Juliano Verbard ? ", se demande à juste titre Danielle Braud. Aucun des seize accusés ne bronche. Tous ceux qui sont à la barre ou presque baissent la tête. Dans le box des accusés, Yolaine Cadet et son fils Rodolphe dodelinent régulièrement. Les autres restent quasiment impassibles, ou bien pire, se mettent à sourire.
" On a l’impression à les entendre et à les voir que tout est fait dans la débandade ", constate Danielle Braud. En fait, " tout cela était organisé, on loue des voitures, on change de maisons et de téléphones, c’est une vraie bande organisée en fait ", continue-t-elle. " On dirait en fait qu’aucune autre vie que celle de Juliano Verbard n’a d’importance ", conclue-t-elle.
Elle requiert pour recel de malfaiteur 3 mois avec sursis pour Joseph Cadet, Alexin Michel, Rodolphe Cadet, Patrice Daleton, John Daleton, Anne-Lise Daleton, Jean-Charles Daleton, Augusta Fontaine, Sonia Flore et Jean-François Ferrere. Elle réclame également 6 mois ferme pour Sandrine Hoarau et Corinne Michel. Enfin, Danielle Braud requiert 8 mois avec sursis pour Yolaine Cadet, Fabrice Michel, Yoland Hoarau et .Marie-Lucie Michel
A peine le réquisitoire terminé, les plaidoiries de la dizaine d’avocats s’enchaînent. Pour Me Ferdinand, défenseur de Anne-Lise Daleton, sa cliente est une femme " soumise ", qui aurait tout bonnement été utilisée. Elle aurait simplement aidé à la location et la conduite d’une voiture, " cela ne fait pas d’elle une délinquante ". Il demande la relaxe pour sa cliente.
Chrystelle Videlot-Clerc, avocate de Fabrice Michel, avance d’emblée qu’ " il faut vérifier si Fabrice Michel a, entre octobre 2006 et mars 2007, assuré financièrement toutes ces opérations, mais aussi l’hébergement de Juliano Verbard, il n’y a rien dans ce dossier qui vient démontrer ces allégations ". Et d’ajouter : " On ne peut pas condamner Fabrice Michel pour s’être recelé lui-même ! ". A l’époque des faits, Fabrice Michel était effectivement, à l’instar de Juliano Verbard, recherché par la justice après avoir été condamné par la cour d’assises pour viol sur mineurs.
Me Vidal défend quant à elle Corinne Michel. " Ces réquisitions m’ont interrogée car ma cliente avec Sandrine Hoarau est la seule contre laquelle a été requis 6 mois ferme ", plaide-t-elle d’emblée. " La qualification de recel de malfaiteur pour avoir simplement fait des courses pour tous n’est pas justifiée ", renchérit-elle tout en demandant la relaxe pour sa cliente.
L’avocate de Sandrine Hoarau, Me Bentolila, reconnaît que sa cliente a aidé à l’hébergement de Juliano Verbard, mais elle a agi " par charité chrétienne ". Le fait d’avoir baigné dans la religion depuis des lustres lui donnerait-elle donc une immunité ? En fait, " elle observe ce qu’elle voit et elle a la foi, c’est sa croyance, elle n’est pas une hérétique, vous n’êtes pas l’Inquisition ", relance Me Bentolila.
Même si la justice n’est effectivement pas l’Inquisition, elle a tout de même encore le droit de juger celles et ceux qui à ses yeux ont commis des délits. Les seize prévenus, huit dans le box, huit autres à la barre, le seront sans conteste le 14 mai prochain, l’affaire ayant été mise en délibéré.