Son quotidien en prison, le surveillant de prison ose en parler. Il a été agressé au mois de juin dernier au centre pénitentiaire de Domenjod, et témoigne sur Antenne Reunion.
Le surveillant de prison agressé en juin dernier à la prison de Domenjod a accepté de témoigner sur Antenne Réunion.
Des paroles rares d’un homme qui évoque les rapports entre détenus et surveillants, son regard sur la vie en centre de détention, les problématiques présentes.
"On ne s’attend surtout pas à ce genre d’événement". Celui que nous appellerons Pierre ne pensait pas a être victime d’une agression dans une prison réunionnaise, le 4 juin dernier à Domenjod. Il intervient lorsque ses collègues sont pris a partie.
"Je pense que j’ai eu deux ou trois secondes où je suis resté immobile, parce que je ne comprenais pas ce qui se passait. Je me suis dit non, pas ça ici, pas à La Réunion."
Une population qui change, des règles européennes qui évoluent, des stupéfiants qui arrivent dans les cellules, des causes probables a cette montée de violence selon ce surveillant.
"Je suis révolté mais, je suis dans le milieu carcéral depuis près de 21 ans. Dans une prison, on a beau mettre en place tous les moyens nécessaires de contrôle et de sécurité, il y a toujours des failles".
Depuis l’agression de juin, Pierre estime que la situation n’a pas beaucoup évolué et regrette la surpopulation carcérale dans certains bâtiments.
"Les principaux protagonistes ont été transférés ou ont été placés dans des quartiers bien spécifiques. Par contre, l’ambiance est toujours lourde. La détention s’est alourdie. On a un effectif qui est galopant".
Il évoque des pistes pour que la situation s’améliore dans les centres de détention.
"Davantage de communication, qu’on nous écoute plus, parce que nous sommes tous acteurs. Nous sommes au front, au quotidien. Et tout ce qu’on fait remonter n’est pas forcément pris en considération".
Comme ses collègues, Pierre veut continuer. Pour réussir ils doivent dit-il se serrer les coudes. Ils préfèrent regarder le comportement respectueux de la majorité des détenus, et s’efforcent a considérer chaque détenu comme un cas particulier et unique pour l’accompagner au mieux jusqu’a ce qu’il purge l’intégralité de sa peine.
Face à la violence en milieu carcéral, le secrétaire Général du syndicat national UFAP-UNSa Justice, Jean-François Froget était l’invité du 12h30 d’Antenne Réunion.