Le procès de Mamod Abasse Mamodtaky, commanditaire présumé de la tuerie de Fénoarive à Madagascar en 2001, a débuté le 26 octobre. La troisième semaine d’audiences à la cour d’assises de Paris s’annonce décisive.
Neuf ans après la tuerie de Fénoarive dans la banlieue de Tananarive à Madagascar, le procès de Mamod Abasse Mamodtaky entame lundi sa troisième semaine à la cour d’assises de Paris.
Le 22 avril 2001, lors d’une fête réunissant la famille Remtoula à Fénoarive, cinq d’entre eux sont tués par trois hommes armés, quatre autres personnes sont grièvement blessées. Mamod Abasse Mamodtaky est le commanditaire présumé de la tuerie.
L’acte d’accusation avait été annulé en 2009 pour vice de forme à la Réunion. Cette décision a été annulée quatre mois plus tard par la cour de cassation. Le procès a donc redémarré le 26 octobre avec quelques dates marquantes lors des deux premières semaines :
Jeudi 28 octobre : plusieurs incidents pour le troisième jour d’audience. L’avocat de l’accusé Riaz Damjy fait part à la cour de son agacement vis à vis des "meuglements" de la partie civile. Celle-ci accuse la défense de provoquer des incidents pour "décrédibiliser l’institution judiciaire".
Face à face poignant entre Mamod Abasse Mamodtaky et Anita Remtoula. Elle accuse son ex-mari de lui avoir tiré dessus, celui-ci répond depuis le box des accusés : "Je t’en prie Anita, si tu m’as aimé un jour, dis la vérité". "Toi, tu n’as pas eu pitié, tu n’as pas eu honte et tu as tué ma famille", rétorque Anita Remtoula.
La défense tente par la suite de montrer qu’il est possible que la tuerie ait été fomentée par des personnalités politiques malgaches.
Mardi 2 novembre : cinquième jour d’audience en partie consacré aux armes à feu utilisées. Jean-François Crozet, l’un des accusés, est longuement interrogé alors qu’il avait avoué les faits avant de faire marche arrière. La déclaration écrite de Marianne Razafinimanana, ex-maîtresse et ex-avocate de Mamodtaky est lue. La femme lui avait servi d’alibi avant de revenir sur ses premières déclarations. Elle refuse de témoigner à la barre car elle aurait reçu des menaces de mort.
Jeudi 4 novembre : les comptes bancaires situés en Suisse et à la Réunion de la famille Mamodtaky sont décortiqués. L’objectif étant d’évaluer la capacité de Mamodtaky à financer une opération commando et à corrompre d’éventuels témoins.
Vendredi 5 novembre : de longs débats ont été consacrés à Babar Ali, l’un des accusés. Introuvable depuis février 2009, c’est le grand absent du procès. La cour s’est penchée sur le scénario dans lequel Babar Ali s’est attribué tous les crimes, tout en préparant son faux décès fin 2001. Mamodtaky a reconnu le simulacre mais nie en être à l’origine.
La semaine prochaine, les auditions se poursuivent. Une cinquantaine de témoins est attendue à la barre dans cette affaire. Certaines auditions ont d’ailleurs eu lieu, et auront lieu par visioconférence, en direct de Madagascar.