L’idée vient d’Ecosse. Pelamis wave power est le nom de l’entreprise écossaise qui a inventé le concept assez révolutionnaire capable de convertir l’énergie des vagues en électricité. La Réunion surfe sur la vague.
A la Réunion le projet porte le nom de Seawatt, première centrale houlomotrice de France implanté dans notre île. La société réunionnaise Corex, présidée par Patrice Galbois porte le projet, et est actionnaire à 50% du projet. Son ambition est d’assurer jusqu’à 10% des besoins énergétiques de la Réunion. Les vagues peuvent en effet se prévoir avec certitude trois jours a l’avance et génère une électricité de bonne qualité, constante et linéaire.
C’est dans le sud de notre île, à Saint Pierre que sera installé cette centrale. A deux kilomètres au large de la pointe du diable, la force des vagues est d’une qualité exceptionnelle.
Pour le directeur de Seawatt, Thierry Kuna :
"Le projet houlomoteur seawatt est le plus avancé à ce jour en France" même s’il manque pour l’instant 8 millions d’euros pour que le projet passe à la phase d’installation sur un investissement total est de 25 millions d’euros. Mais il garde bon espoir :
« le projet est validé techniquement par l’Ademe (ndlr : agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et le pôle de compétitivité CAP ENERGIES. Les décideurs publics devront aussi matérialiser les promesses faites".
Il existe plusieurs projets de centrale électriques "houlomotrices". Ces projets sont en tests ou même encore sur le papier, et on ne sait pas encore lequel ou lesquels s’imposeront dans le futur. Ce seront certainement les plus résistants aux tempêtes et ceux dont la durée de vie sera la plus longue (listes des différentes projets sur le site
de planète énergies.
Interview de Thierry Kuna, directeur de Seawatt.
Pouvez vous nous assurer que la première centrale houlomotrice de France sera implantée dans notre île ?
Le projet houlomoteur SEAWATT est le plus avancé à ce jour en France. La technologie employée est la seule suffisamment mature pour envisager une production d’énergie raccordée au réseau. Il est très probable que la Réunion voit la première centrale houlomotrice de France.
L’investissement total est de 25 millions d’euros. Est il si difficile que cela de trouver 8 millions pour boucler le tour de table dans un projet aussi porteur pour la Réunion ?
La recherche de financement n’a réellement débuté que depuis quelques semaines. Rendez-vous à la fin de cette année pour vous dire si le bouclage du financement a été difficile ou non.
Avez vous bon espoir d’arriver à boucler le tour de table ?
Nous avons bon espoir de boucler le financement. Le projet est validé techniquement par ADEME et le pôle de compétitivité CAP ENERGIES. Des machines identiques de seconde génération seront installées en Ecosse fin Mai. Le retour d’expérience permettra de lever les derniers doutes qui pourraient subsister dans l’esprit des co-financeurs. Les décideurs publics devront aussi matérialiser les promesses faites.
En quoi la récente labellisation du projet par Capénergie peut-elle vous aider ?
La labellisation par le pôle de compétitivité CAPENERGIE permet de confirmer l’intérêt technique du projet, et en particulier son aspect innovant au regard du développement des énergies renouvelables à la Réunion et la réponse originale du projet au besoin de stockage de l’énergie. La labellisation valide également l’intérêt économique et son impact sensible sur le développement de l’activité sur l’île
A terme, combien de foyers demain pourront être éclairés par l’énergie de la mer ?
L’ARER est plus qualifié pour cette question. Elle a réalisé des études précises sur ce sujet. Des dizaines de milliers de foyer vraisemblablement.
Quels sont les autres projets liés à cette énergie ?
Grâce à une volonté régionale et nationale, La Réunion est riche de projets innovants sur les énergies de la mer. Récupération de l’énergie des vagues, production d’énergie avec les différences de température en surface et dans les grands fonds, climatisation avec de l’eau froide des profondeurs. Tous ces projets très sérieux propulsent la Réunion au premier plan international.
Quels sont les freins au développement de ces nouvelles énergies dites propres ?
Une politique tarifaire de rachat des kWh très en dessous de ce qui se pratique en photovoltaïque notamment ou dans d’autres pays Européens. Un fléchage des démarches administratives qui reste à éclaircir et une île peu tournée vers l’océan.
Le coût du rachat de l’énergie produite par la mer reste faible par rapport à d’autres énergies non fossiles. Pour quelles raisons ?
SEAWATT est le seul projet Français de centrale houlomotrice en phase pré commerciale qui compte vendre régulièrement les kWh produits à EDF. Tous les autres projets sont en phase prototype. L’état veut éviter de reproduire le récent effet de bulle qui a secoué la filière photovoltaïque et cherche des solutions pour promouvoir sereinement ces énergies et la nouvelle filière technologique associée. Nous nous orientons donc vers un financement aidé via le grand emprunt pour la prochaine phase de 5 MW. La 3ème phase de 30 MW quand à elle, prévue en 2015, ne sera financée que par la revente des kWh produits et la défiscalisation. Cette phase ne verra le jour qu’à condition que l’équilibre économique soit atteint.