Pourtant annoncée depuis plusieurs jours, la décision du gouvernement est tombée comme un couperet hier. Le conseil des ministres a en effet tranché en ce qui concerne les niches fiscales : les outils de défiscalisation seront bien rabotés de 10% en Outre-mer.
Philippe Jean-Pierre est agrégé des universités en Sciences Economiques et Professeur en Sciences de Gestion à l’Institut d’Administration des Entreprises de La Réunion. Il nous apporte son éclairage sur les conséquences de cette mesure pour l’économie réunionnaise.
Linfo.re : Le conseil des ministres a voté hier le rabot de 10% sur les niches fiscales en Outre-Mer. Quels sont les secteurs touchés par cette mesure et à l’inverse les secteurs épargnés ?
Seront visés par cette mesure, l’ensemble des investissements concernés par une réduction des niches à l’exception des investissements dans le secteur du logement social. Seul ce dernier secteur continuera d’être aidé par le Gouvernement.
Linfo.re : La Fedom qualifiait ce coup de rabot de "double-peine". Quelles seront les conséquences à court et long terme pour l’économie réunionnaise ?
Je parlerais moi de triple peine dans la mesure où ce rabot qui affectera sans nul doute la confiance impactera également les investissements et l’élan entrepris dans certains secteurs depuis plusieurs mois, à l’image par exemple du photovoltaïque.
A court terme, la confiance et l’attractivité risquent d’être entamées. D’autre part, il faudra s’attendre à une baisse des investissements qui entrainera une baisse d’activité et par conséquent une baisse d’emplois.
Dans un second temps, ce coup de rabot handicapera un peu plus l’économie de la Réunion, qui se heurte déjà à des freins culturels.
Enfin, cette mesure votée par les ministres affectera l’élan structurant entrepris dans nombre de secteurs, risquant ainsi de retarder l’émergence de certains pans de l’économie réunionnaise.
Linfo.re : Concernant le photovoltaïque justement, l’argument avancé par le gouvernement pour justifier le coup de rabot consistait à dire que cette mesure avait en majeure partie profité aux professionnels. Dès lors, peut-on réellement dire que cette mesure est néfaste pour la Réunion ?
Il était effectivement impératif de mettre en place de nouvelles mesures d’adaptation, mais celles-ci devaient se faire à condition de ne pas entamer l’attractivité relative de l’île. Or, avec ce coup de rabot de 10% sur les niches fiscales, le climat d’investissement de la Réunion sera détérioré.
D’autre part, traiter deux personnes, deux entités au même rang revient selon moi à pénaliser la plus faible des deux.