François Caillé, le patron du Medef Réunion vient d’adresser à l’ensemble des entreprises de la Réunion une lettre d’explication qui indique pourquoi le Medef a signé l’accord dit Cospar/Medef sur les salaires. Une négociation qui a permis d’éviter selon le patronat, le suicide de notre économie.
C’est donc une lettre d’explication très pédagogique que le patron des patrons dans notre île envoie à chacun des entrepreneurs locaux. Une lettre pour expliquer les raisons qui ont poussé le Medef Réunion le 25 mai dernier de signer avec les organisations syndicales de salariés, à l’exception de FO, cet accord régional.
Un accord qui octroie un bonus exceptionnel de 50 euros à tout salarié percevant 1,4 Smic, 60 euros à tout salarié percevant entre 1,4 et 2 smic et 55 euros entre 2 smic et le plafond de sécurité sociale. « Bonus exonéré de toutes charges salariales et patronales, hors forfait social et bonus CSG/CRDS » précise le patron.
Pour François Caillé, le Medef Réunion qui avait fait son choix dès le 10 mars de cette année, du versement de ce bonus « a fait montre d’un grand sens de responsabilité, et de sa détermination à favoriser le dialogue social plutôt qu’à le bloquer, voir à le fuir ». Car au même moment à des milliers de kilomètres de la Réunion, sur des îles de la mer des caraïbes se jouent une partition sur un autre tempo.
La Guadeloupe est bloquée par les manifestations du collectif syndical contre l’exploitation outrancière (LKP : Lyannaj kwont pwofitasyon) qui mène une révolte sociale sans commune mesure, et un Elie Domota, porte-parole du collectif guadeloupéen, qui demande d’augmenter les bas salaires de 200 euros via une exonération de charges patronales.
La Martinique quand à elle, flambe également au son de la lutte contre la vie chère et les monopoles, avec en arrière plan un conflit racial et des restrictions (plus d’essence notamment).
Dans ce contexte écrit François Caillé, « au sortir d’une crise de plus de 40 jours ayant profondément éprouvé nos amis antillais, il eut été irresponsable, sinon suicidaire pour notre économie, de choisir la voie sans issue du refus de négocier ». La peur de l’extension de ce conflit à La Réunion est alors présente dans tous les esprits.
Et le patron du Medef de poursuivre sur un ton plus personnel : « je suis pleinement conscient de l’effort exceptionnel que cela représente pour chacune de nos entreprises, et même si d’aucuns ont été prompts à la critique, cet accord est un bon accord, par le seul fait qu’il nous a permis à tous d’éviter une crise sociale dont beaucoup ne se seraient peut-être pas relevés, salariés et chefs d’entreprise ».
Cet accord Cospar/Medef, « avec le recul nécessaire » conclut François Caillé, « a su préserver les outils et l’emploi tout en affirmant notre crédibilité auprès des partenaires sociaux et des pouvoirs publics ». Mais pour combien de temps ?
Car côté emploi, c’est une autre affaire. Les Dom sont les régions européennes les plus touchées par le chômage : un quart de la population active en Guadeloupe, 22% en Martinique et jusqu’à 25,2% à la Réunion, qui détient la lanterne rouge en Europe. Le marché du travail est bouché. En Martinique, il y a trois fois plus de chômeurs officiels que d’offres d’emploi.