Le projet de loi visant à créer 150 000 contrats d’avenir sera présenté au conseil des ministres cette semaine. C’est l’arme du gouvernement pour lutter contre le chômage des jeunes.
C’était une des mesures phares du programme présidentiel de François Hollande : les contrats d’avenir, qui font échos aux emplois jeunes de Lionel Jospin, créés en 1997. Cette promesse électorale est sur le point de se réaliser. Le gouvernement s’apprête à créer 150 000 emplois d’avenir en deux ans, 100 000 prévus en 2013 puis 50 000 en 2014.
Le projet de loi sera présenté au conseil des ministres ce mercredi pour un examen au Parlement d’ici fin septembre. Son entrée en application est prévue dès janvier 2013. L’objectif étant de remettre sur le marché du travail les jeunes qui ont quitté le système scolaire avec peu ou sans qualifications.
En France, ils sont 120 000 à quitter chaque année le milieu éducatif sans aucun diplôme. Ces jeunes de moins de 25 ans seront les premiers concernés par ces contrats d’avenir.
Philippe Jean-Pierre, économiste, explique que ces fameux contrats s’inscrivent "dans la démarche de différents contrats aidés qui ont été réalisés depuis déjà plus de 20 ans en France, facilitant l’accès au marché au travail à certaines catégories de la population. Le contrat d’avenir a pour particularité de s’adresser aux acteurs publics qui peuvent embaucher, mais aussi aux entreprises qui ont eux aussi accès aux contrats d’avenir".
Le dispositif consiste à une prise en charge de l’Etat du salaire du jeune à hauteur de 75% sur une période de un à trois ans. Libre ensuite à l’employeur de conclure un contrat à durée déterminée (CDD) ou un contrat à durée indéterminée (CDI). Selon le gouvernement, cette mesure devrait coûter 1,5 milliard d’euros à l’Etat et la question de sa rentabilité est clairement posée.
"Il faut comparer entre le coût qui consisterait à maintenir des jeunes au chômage avec la dangerosité de les laisser s’inscrire dans un chômage de longue durée, et le coût de les insérer et de leur donner une chance de s’inscrire durablement sur le marché du travail", précise Philippe Jean-Pierre.
L’économiste ajoute par ailleurs que ce type de contrats permet de pallier à la détresse des jeunes chômeurs mais sans pour autant leur garantir un emploi fixe. "Ces contrats d’avenir ont l’avantage de répondre à une urgence en période de crise. C’est à dire qu’il faut très rapidement faciliter l’accès des jeunes au marché du travail. En cas de crise économique comme on connaît actuellement, on sait que ce sont eux les premiers touchés. Néanmoins, la question qui se pose, c’est sur son efficacité. On a bien vu qu’au niveau des emplois jeunes si ça avait permis d’éteindre l’incendie de l’augmentation du chômage, cela n’avait pas facilité l’insertion stable des jeunes sur le marché du travail".
La nouveauté de ces contrats d’avenir c’est qu’ils sont ouverts aussi bien au secteur public non marchand, notamment les associations ou les sociétés mutualistes qu’aux entreprises du secteur privé. Le dispositif qui cible les jeunes peu qualifiés et subventionnés, ne semblent pas pour autant emballer les chefs d’entreprise.
Guillaume Liégault est le président du groupe Pôle Logistique Réunion basé à l’Etang Salé et qui emploie 140 salariés. Selon lui, "c’est le rôle de l’Etat de favoriser l’accès à la professionnalisation des salariés qui sont démunis face au monde du travail. L’entreprise ou l’association peut apporter ce déclic et la finalité est de pouvoir donner de l’emploi. Donner le goût du travail aux jeunes, c’est un point positif mais ce n’est pas toujours possible de le pérenniser".
En effet, il ajoute que "les emplois durables sont bien les emplois qui sont générés par les entreprises et l’activité économique qu’elles créent. Ces emplois d’avenir seront financés par l’Etat sans contrepartie de création de richesse et seront donc à la charge du contribuable. On ne cherche pas à embaucher des jeunes qui sont subventionnés. Nous on cherche à intégrer dans nos entreprises des jeunes qui sont formés. On leur propose des emplois mais on ne leur propose pas forcément un avenir".
La mesure du gouvernement touchera en priorité les jeunes chômeurs habitant les Zones Urbaines Sensibles (ZUS). A La Réunion il y a 15 zones qui seront donc potentiellement en première ligne pour décrocher ces postes. La recette pour résorber le chômage des jeunes version François Hollande est sur les rails.
Avec la majorité au Parlement, le texte du gouvernement devrait être voté sans difficultés majeures. Mais son impact réel sur le taux de chômage chez les jeunes ne pourra être mesuré que sur le long terme.