La libération mardi par la France de l’Iranien Ali Vakili Rad, auteur du meurtre sanglant de l’ex-Premier ministre Chapour Bakhtiar, a fait l’objet d’un "marchandage avec un Etat terroriste", a regretté mardi un défenseur iranien des droits de l’homme.
PARIS (AFP) - La libération mardi par la France de l’Iranien Ali Vakili Rad, auteur du meurtre sanglant de l’ex-Premier ministre Chapour Bakhtiar, a fait l’objet d’un "marchandage avec un Etat terroriste", a regretté mardi un défenseur iranien des droits de l’homme.
L’avocat Karim Lahidji, vice-président de la Fédération internationale des ligues de droits de l’Homme (FIDH), représentait la famille de Chapour Bakhtiar lors du procès de Vakili Rad en 1994.
"Au cours du procès, lors de la lecture du procès verbal du médecin légiste, on avait demandé à la famille de quitter la salle", s’est souvenu Me Lahidji, tant la description de la mort du dernier Premier ministre du shah d’Iran fut, selon lui, effroyable. "Même pour moi c’était difficilement soutenable", a-t-il déclaré à l’AFP.
Le 6 août 1991, l’ancien Premier ministre iranien avait été assassiné à son domicile de Suresnes (ouest de Paris), à coups de couteaux de cuisine. "Ils l’ont anesthésié pour qu’il ne crie pas puis ils lui ont coupé les veines pour le vider de son sang", a indiqué Me Lahidji.
Vakili Rad a commis le meurtre en compagnie de Mohammad Azati. Un troisième homme, Farydoun Boyerahmadi, un proche de Bakhtiar qui l’avait trahi, avait pris les couteaux à la cuisine après avoir tué un domestique. C’est grâce à Boyerahmadi que les trois hommes avaient pu gagner la confiance des policiers qui gardaient nuit et jour le domicile de l’ancien Premier ministre.
La libération d’Ali Vakili Rad a été liée par la presse et des responsables de l’opposition au retour en France de la jeune Française Clotilde Reiss, retenue à Téhéran pendant 10 mois. Paris et Téhéran ont démenti tout lien entre les deux affaires.
"C’est un échec pour un gouvernement démocratique de céder face à un Etat terroriste", a déclaré Karim Lahidji. "Pourquoi (Vakili Rad) n’a-t-il pas été libéré l’année dernière au terme de sa peine de sûreté et pourquoi ce marchandage avec un Etat terroriste", s’est-il interrogé.
Ali Vakili Rad qui, au contraire de ses deux complices, n’avait pas pu échapper à la police, avait été condamné à la prison à vie, assortie d’une période de sûreté incompressible de 18 ans.
Il avait été arrêté peu après le meurtre, à Genève, où il espérait prendre l’avion en direction de Téhéran. "Mais Vakili Rad a perdu son chemin dans Genève et a manqué le vol", a raconté Me Lahidji.