L’obésité, qui va faire l’objet d’un plan sur 3 ans annoncé vendredi par Nicolas Sarkozy, est devenue en France un vrai problème de santé publique, avec 14,5% de la population atteinte en 2009, contre 8,5% en 1997.
PARIS (AFP) - L’obésité, qui va faire l’objet d’un plan sur 3 ans annoncé vendredi par Nicolas Sarkozy, est devenue en France un vrai problème de santé publique, avec 14,5% de la population atteinte en 2009, contre 8,5% en 1997.
La France compte plus de 20 millions de personnes en "surpoids" ou obèses, dont 6,5 millions d’obèses parmi les adultes, selon la dernière enquête trisannuelle baptisée ObEpi, datant de 2009.
La tendance semble légèrement s’améliorer, avec une stabilisation du nombre de cas de surpoids et d’obésité chez l’enfant. Chez les adultes, la stabilité prévaut pour le surpoids, mais l’obésité a progressé d’environ 50% sur la période 2000-2009.
Les formes sévères d’obésité (avec un indice de masse corporelle - c’est à dire un rapport du poids au carré de la taille - supérieur à 35) ont plus que doublé de 1997 à 2009, passant de 1,5% à 3,9%.
Si le surpoids est plus fréquent chez les hommes (38,5% contre 26% chez les femmes), l’obésité se rencontre plus chez les femmes (15,1% contre 13,9% chez les hommes). L’obésité augmente avec l’âge pour atteindre un pic chez les 55-64 ans. Mais l’augmentation a été nettement plus forte entre 2006 et 2009 chez les 25-34 ans.
Enfin l’inégalité sociale et économique par rapport à l’obésité est patente, que ce soit dans la prévention ou dans l’accès aux soins. En 2006, près de 20% des personnes gagnant moins de 900 euros étaient obèses, contre seulement 7% de celles gagnant plus de 3.800 euros par mois.
En octobre, Nicolas Sarkozy avait chargé une commission de lui faire des propositions pour donner "une nouvelle impulsion" à la lutte contre l’obésité, qui lui a remis son rapport en décembre. Sur cette base, M. Sarkozy a annoncé vendredi les orientations d’un plan triennal, à l’occasion de la 1ère journée européenne de l’obésité (22 mai en Europe, 21 et 22 mai en France).
Ce plan devra "donner une nouvelle impulsion" à la politique de prévention et de prise en charge en améliorant l’alimentation scolaire et la restauration collective et en favorisant l’activité physique à l’école. Un dépistage de l’obésité des enfants devra être mis en place "d’ici 2012". Ce plan prévoit également de "lutter contre la discrimination" visant les personnes souffrant d’obésité.
Une mission interministérielle, dirigée par le Pr Arnaud Basdevant, spécialiste de nutrition à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et co-responsable de l’enquête Obepi 2009, pilotera le plan, pour lequel l’Etat veut mobiliser acteurs du système de santé, partenaires institutionnels, associations, médias, entreprises.
Favorisée par un mode de vie (alimentation trop riche, vie trop sédentaire), l’obésité l’est aussi par des facteurs génétiques et des dérèglements hormonaux ou glandulaires. Elle augmente le risque de nombre de pathologies tels que diabète, hypertension, sciatique, infertilité, et aussi de certains cancers : chez l’homme, prostate, colon-rectum, chez la femme, utérus, ovaires, sein, colon-rectum.
Un obèse a douze fois plus de risque d’être traité pour diabète, hypertension ou anomalie des graisses du sang.
Anne-Sophie Joly, qui préside le Collectif national des associations d’obèses (CNAO), s’est félicitée de l’installation d’une mission interministérielle.
Elle a relevé dans le plan "des choses qui sont faites bon an mal an" mais qui désormais pourront être imposées, telles qu’une amélioration de la restauration dans les cantines scolaires ou les hôpitaux. Pour elle, "ça va clairement dans le bon sens", mais il faut "se donner les moyens", "y aller avec de la dynamite".