Le ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem aimerait voir "disparaître" la prostitution, a t-elle déclaré dans un entretien au Journal du Dimanche.
La nouvelle ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem a accordé un long entretien au Journal du Dimanche. Affirmant qu’elle "n’est pas naïve", la ministre rappelle que tous les partis ont voté l’année dernière une résolution préconisant la pénalisation des hommes s’offrant les services de prostituées. La jeune femme souhaite "voir la prostitution disparaître" et aimerait que l’Etat français se donne "les moyens" d’abolir cette pratique.
Selon la ministre, l’enjeu est crucial, "il s’agit de protéger l’immense majorité des prostituées, qui sont d’abord des victimes de violences de la part des réseaux des proxénètes". En France, le nombre de travailleuses du sexe est estimé à 20 000, dont 80% d’origine étrangère. Chaque année, une quarantaine de réseaux sont démantelés par les forces de l’ordre.
La prise de position claire de la ministre socialiste s’inscrit dans la continuité de la politique française dans ce domaine. Les députés de droite comme de gauche ont voté en décembre 2011 une résolution réaffirmant "la position abolitionniste" adoptée par la France en 1960 et recommandant de pénaliser les clients de la prostitution. A l’époque, une proposition de loi allant dans ce sens prévoyant des peines pouvant aller au maximum à deux mois d’emprisonnement et de 3750 euros d’amende pour les clients, avait été déposée.
Les opposants à cette résolution mettent en avant la situation en Suède, qui criminalise le client depuis 1999. La prostitution de rue y a fortement baissé mais une large partie de l’activité a désormais investi la toile.
François Hollande s’est clairement positionné contre le délit de racolage passif instauré en 2003 par Nicolas Sarkozy, estimant que celui ci se traduisait par "un moindre accès aux soins et aux services sociaux pour les personnes prostituées".