Dans une lettre adressée au ministère de la Santé, le collectif Med’Océan dirigé par le Dr Philippe de Chazournes, a remis en question l’intérêt du vaccin contre le cancer de l’utérus. Les médecins réunionnais se disent " très préoccupés par les campagnes de vaccination contre le cancer du col de l’utérus’, essentiellement basées sur une peur injustifiée ".
L’association Med’Océan tire la sonnette d’alarme pour mettre fin à la campagne de terreur menée à propos du cancer du col. " Le cancer du col est-il vraiment un problème de santé publique en France au sens où l’entendent les épidémiologistes ? ", se demandent le Dr Philippe de Chazournes et ses collègues dans un courrier transmis au ministre de la Santé Xavier Bertrand.
D’après eux, " la question mérite d’être posée, car en réalité, on assiste depuis 1980 à une baisse régulière du nombre de nouveaux cas et de la mortalité liée à cette affection ". Med’Océan interpelle donc les pouvoirs publics face à la surenchère faite autour du cancer du col.
Selon leur enquête," la seule et unique mesure de prévention associée à cette baisse régulière est le dépistage régulier par un frottis cervico-utérin ", étant donné que " le millier de femmes (1 067 décès estimés pour 2005) qui meurent chaque année en France de ce cancer sont essentiellement des femmes qui n’ont pas été suivies régulièrement par frottis ". " Il n’y a ni épidémie, ni recrudescence du nombre de cas ", insiste le Dr Philippe de Chazournes qui déplore que " le potentiel du dépistage par frottis en France est encore insuffisamment exploité ".
Poussant plus loin ses critiques, Med’Océan a carrément mis en doute l’efficacité du vaccin Gardasil des laboratoires GSK, un des deux vaccins commercialisés en France et remboursés par la Sécurité sociale. En clair, le collectif réclame que les avantages de ce vaccin soient prouvés.
Les médecins réunionnais ont également fait part de leurs inquiétudes concernant la vaccination des femmes déjà porteuses des virus cancérogènes papillomavirus humains PVH/HPV. Chez ces femmes, se faire vacciner les exposerait à un " risque plus important de développer des lésions précancéreuses sévères ".
Le président de Med’Océan, Philippe de Chazournes, a par ailleurs demandé au professeur Jean-Luc Harousseau, président de la Haute Autorité de santé (HAS) le retrait des recommandations sur le dépistage du cancer du col de l’utérus du fait des conflits d’intérêts " majeurs " entre les auteurs du texte. L’association réunionnaise exige ainsi "de constituer au plus vite un nouveau groupe de travail, sans conflits d’intérêts majeurs avec l’industrie, afin de promouvoir le dépistage du cancer du col de l’utérus par le frottis cervicovaginal qui à lui seul permettrait, s’il est bien et régulièrement fait chez toutes les femmes concernées, d’entrainer la disparition de la mortalité par ce cancer".