Des militants de Greenpeace ont bloqué pendant plusieurs heures mercredi, dans le port de Frontignan (Hérault), trois thoniers senneurs qui s’apprêtaient à prendre la mer, afin de dénoncer la pêche au thon rouge, une espèce que l’association considère en voie de disparition.
FRONTIGNAN (Hérault) (AFP) - Des militants de Greenpeace ont bloqué pendant plusieurs heures mercredi, dans le port de Frontignan (Hérault), trois thoniers senneurs qui s’apprêtaient à prendre la mer, afin de dénoncer la pêche au thon rouge, une espèce que l’association considère en voie de disparition.
L’action, qui s’est déroulée dans le calme, a démarré vers 09H30, au moment où les trois navires, appartenant à l’armement sétois Avallone, s’apprêtaient à prendre le large, direction l’Ile de Malte, pour être prêts à pêcher dès le 15 mai, date de l’ouverture de la campagne de pêche 2010.
Condamnée par le comité national des pêches qui a estimé que les pêcheurs étaient "une nouvelle fois pris en otages par les méthodes expéditives de Greenpeace", l’action a pris fin peu après 16H30 avec l’intervention de la gendarmerie maritime, a constaté un journaliste de l’AFP.
Dans la matinée, les militants de l’assocation écologique, quatorze selon Greenpeace, avaient pris place à bord de canoës et d’un zodiac et déroulé une ligne flottante, ancrée dans le port de Frontignan, autour de quatre thoniers senneurs. Seuls trois devaient prendre la mer.
Ils avaient ensuite déployé une bannière proclamant : "Thon rouge, liquidation totale avant fermeture".
Sur le môle de Frontignan, le "chargé de campagne Océans" chez Greenpeace, Emmanuel Buovolo, a expliqué que Greenpeace demandait "un moratoire sur la pêche au thon rouge en France".
"Il faut fermer provisoirement la pêche au thon rouge pour reconstituer les stocks", a-t-il dit, affirmant que "le nombre de thons rouges adultes a diminué de 80% au cours des vingt dernières années".
M. Buovolo a souhaité que la France prenne exemple sur l’Italie "qui retient à quai ses thoniers senneurs". "Si la France est cohérente avec sa volonté de protéger le thon rouge, elle doit faire de même, imposer un moratoire", quitte à indemniser ses pêcheurs, a-t-il expliqué.
De son côté, le patron de l’armement, Jean-Marie Avallone, a estimé qu’"on marchait sur la tête". "Notre profession est réglementée, structurée, on embarque des contrôleurs à bord" chargés de vérifier la taille, le poids et le respect des quotas de thons pêchés, a-t-il rappelé.
Pour préserver la ressource, la campagne de pêche a été ramenée à un mois — du 15 mai au 15 juin — et les quotas ont été ramenés à 13.500 tonnes au total, contre 22.000 en 2009. Pour les Français, les quotas de prise sont de 2.000 T (contre 3.017 en 2009), dont 1.699 T pour les senneurs.
En mars, à Doha, avait été étudiée une proposition visant à interdire le commerce international de "thunnus thynnus", une espèce très prisée par les Japonais.
Une majorité d’Etats parties à la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées (CITES) avait finalement rejeté cette proposition. Une position inverse aurait signifié de facto l’arrêt de la pêche industrielle.
Après l’intervention de la gendarmerie maritime, qui a récupéré un par un des militants de Greenpeace qui, de leurs canoës, se jetaient à l’eau, les thoniers senneurs ont pris la mer.