Suite au démantèlement des camps de Roms, des experts des Nations unies ont demandé à Paris s’assurer du respect des normes sur les droits de l’homme quant à la non-discrimination.
"Les évictions continuent et menacent de mettre des familles dans des situations de grande vulnérabilité", déplorent les experts onusiens, faisant allusion aux démantèlements des camps illégaux des Roms en métropole.
"Les évictions forcées ne sont pas une réponse appropriée, des solutions alternatives conformes aux standards de droits de l’homme doivent être recherchées", déclare dans un communiqué, Raquel Rolnik, Rapporteur Spécial sur le droit au logement. "Des mesures contraignantes de protection, y compris la mise à disposition d’alternatives pour se loger décemment, doivent être mises en place", propose-t-il.
En référence aux évacuations orchestrées notamment à Lille, Lyon ou Paris, l’Experte de l’ONU Rita Izsák estime que "ces informations sont préoccupantes, en particulier parce que ce n’est pas la première fois que les Roms sont collectivement expulsés de France".
"Les Roms sont des citoyens de l’Union Européenne, et la minorité la plus marginalisée d’Europe. De façon regrettable, ces actes démontrent que les Roms ne jouissent pas toujours des mêmes libertés de circulation et d’établissement et continuent de subir des traitements discriminatoires", déplore-t-elle.
De son côté, le Rapporteur Spécial sur les droits des migrants, François Crépeau, regrette que "l’objectif ultime semble être l’expulsion des communautés migrantes Roms de France". Il rappelle que "les expulsions collectives sont interdites en droit international, et que les rapatriements doivent être volontaires, en conformité avec le droit international, et basés sur des évaluations individuelles et une surveillance indépendante".
Un autre Rapporteur Spécial sur le racisme, Mutuma Ruteere, a pour sa part critiqué le fait que "ces évictions et expulsions alimentent inévitablement le climat d’hostilité -déjà préoccupant- à l’égard des Roms en France".
Les experts des Nations unies ont également montré du doigt la politique d’incitation financière pour convaincre les Roms à retourner dans leurs pays d’origine. Les experts accusent le gouvernement français de faire croire que les Roms rentrent chez eux volontairement, ce qui évite toute action en justice sur les éventuelles évictions forcées.