Ce rendez-vous fait suite aux incidents de Saint-Aignan du 16 juillet dernier au cours desquels un peloton de la gendarmerie d’autoroute a été attaqué par une cinquantaine de gens du voyage.
Les discussions de cet après-midi tourneront autour des "problèmes que posent le comportement de certains ressortissants des communautés au regard de l’ordre public et de la sécurité ", indique un communiqué diffusé par l’Elysée.
Seront présents à la réunion, entre autres, le Premier ministre François Fillon, les ministres de la Justice, Michèle-Alliot-Marie, de l’Intérieur, Brice Hortefeux, et de l’Immigration, Eric Besson. La rencontre devrait débuter à 17 heures précises.
Toutefois, cette réunion suscite l’indignation de la Ligue des droits de l’homme et de la gauche qui accusent l’Etat de vouloir stigmatiser une communauté.
"Nous acceptons le fait qu’il y a des problèmes avec des délinquants, mais n’accablons pas toute une population", a déclaré sur France 2 Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste.
" Il y a des délinquants parmi les Roms, il y a des délinquants parmi les gens du voyage et il y a des délinquants à Neuilly-sur-Seine la ville dont Nicolas Sarkozy a été maire pendant près de vingt ans ", a-t-il ajouté.
Le responsable socialiste invite le chef de l’Etat à dépasser les à priori ou autres idées reçues sur les gens du voyage. Malheureusement, ceux-ci sont le plus souvent assimilés à différentes tares de la société telle "la rapine, le vol ou des troubles diverses". "Le président doit se placer au dessus des préjugés, des clichés qui peuvent exister", a lancé Benoît Hamon.
Pour sa part, l’aumônerie catholique des gens du voyage déplore le fait que les incidents de Saint-Aignan aient "servi de prétexte à des généralisations hâtives et à une recrudescence de la stigmatisation dont sont victimes ces populations."
"Nous sommes convaincus que le remède à la peur et à l’insécurité ne se trouve pas dans une surenchère sécuritaire mais passe par une action de longue haleine nourrie de respect et de connaissance réciproques", déclarent dans un communiqué Mgrs Raymond Centène et Claude Schockert, évêques de Vannes et de Belfort-Montbéliard.
Dans un communiqué conjoint, l’Association nationale des gens du voyage catholiques (ANGVC), l’Union française des associations tsiganes (UFAT), l’Association sociale nationale internationale tsiganes (ASNIT) et la FNASAT-Gens du voyage, s’insurgent aussi contre une mesure présidentielle "ethnique et répressive".
Dans la même foulée, la Ligue des droits de l’homme, Amnesty International et la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) qualifient de "stigmatisants" les propos de Nicolas Sarkozy quand il a déclaré la "guerre contre la criminalité", lors du conseil des ministres du 21 juillet.
De son côté, le gouvernement rejette en bloc toutes ces accusations et il se défend de jeter le discrédit sur une communauté.
"Il n’est pas question de stigmatiser une communauté dans son ensemble, ce n’est à l’esprit de personne. Mais il y a dans cette communauté des comportements qui ne sont pas acceptables ", avait déclaré, mardi soir, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux.
Une déclaration renchérie par le secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez, qui a rappelé le principe d’égalité des citoyens devant la loi.
"Que l’on soit Roms, que l’on soit gens du voyage, que l’on habite dans un lieu fixe ou non, il y a des règles dans la République et ces règles doivent être respectées", a-t-il martelé.