La patronne du PS, Martine Aubry, revient sur l’arène politique après une brève éclipse pour des raisons de santé. Intervenue jeudi soir sur le plateau de France 2, lors de l’émission "A vous de juger", elle a ouvertement demandé la remise à plat du projet de réforme des retraites.
En clair, elle appelle Nicolas Sarkozy à suspendre l’examen du texte au Sénat et à prêter l’oreille aux doléances des syndicats.
"La France ne veut pas de cette réforme. Il faut que le gouvernement suspende ce débat au Sénat. Je m’adresse au président de la République : je lui demande de suspendre ces discussions au Sénat, mais aussi de mettre aussitôt les syndicats autour de la table, de remettre tout à plat", a-t-elle déclaré sur un ton qui n’a rien perdu de sa vigueur, surtout après cinq jours de congé forcé.
"Il faut une réforme des retraites, on est tous d’accord. Pour la faire, il faut discuter, il faut négocier, et il faut surtout la justice", a-t-elle poursuivi, en appelant le gouvernement à "ne pas jouer la politique du pire".
"Nous voulons une bonne fois pour toute régler ce problème des retraites", a martelé Martine Aubry, en insistant sur le retour à l’âge légal de départ en retraite à 60 ans.
Martine Aubry a en effet profité de l’occasion pour détailler le contre-projet socialiste sur le dossier des retraites. "Nous reviendrons aux 60 ans pour ceux qui ont travaillé tôt et qui ont fait des travaux pénibles", a-t-elle expliqué.
Toutefois, Mme Aubry n’a émis aucune objection quant à une éventuelle rallonge de la durée de cotisation. "Nous acceptons parfaitement l’augmentation de la durée de cotisation", a-t-elle poursuivi. Cette disposition prévue dans la réforme Fillon de 2003 était pourtant vivement critiquée par le camp socialiste à l’époque.
"Il y aura demain 41,5 ans (de cotisation), il faut prendre en compte la démographie", a-t-elle exposé, approuvant ainsi l’allongement de la durée de cotisations prévue à l’horizon 2020. Elle a toutefois souligné que le PS tient compte de "la liberté individuelle".
Autrement dit, ceux qui souhaiteraient "travailler plus longtemps" pourront bénéficier "de surcotes". "Notre projet traite du premier au dernier euro", a-t-elle souligné. "Nous allons lancer une grande négociation avec les organisations syndicales si nous gagnons en 2012", a-t-elle promis.
Et à elle de conclure que "cette réforme devrait être passée au Parlement en 2013, ce sera une réforme concertée et portée par le peuple français, et non pas contre lui".
Malgré l’offensive de la gauche, le gouvernement continue sur la voie de la fermeté. Dans un entretien publié ce vendredi dans
La Croix, le ministre du travail, Eric Woerth a réaffirmé qu’il n’y aurait plus de
"changement structurel" du projet, seules quelques
"modifications" seraient possibles lors du débat parlementaire.
En d’autres termes, le cœur de la réforme restera inchangé, soit le maintien des deux mesures d’âge à 62 ans et à 67 ans.