Une vive polémique a éclaté entre la RATP et la préfecture de Seine-Saint-Denis après l’utilisation d’un tramway pour évacuer des Roms.
Mercredi 31 août, une décision de justice ordonne l’évacuation d’un campement occupé par 150 Roms Bulgares et Roumains dans le département de Seine-Saint-Denis. Il a alors été décidé d’utiliser un train pour transporter les personnes évacuées.
Une fois à la gare, les choses se compliquent car les Roms voyageaient en majorité avec des " bagages volumineux, des bicyclettes, ou des caddies ".
"Vers 08H30, l’encadrement local de la ligne T1 du tramway s’est rendu sur place et a constaté que l’évacuation des Roms semblait se dérouler avec difficulté et gêner les voyageurs dans les rames", explique le service de presse de la RATP. "Afin de minimiser les troubles et les retards sur la ligne, le personnel de la RATP sur place et les forces de l’ordre sont convenues de l’intérêt d’utiliser un train qui se trouvait disponible pour acheminer les personnes évacuées", poursuit un employé de la la RATP en charge de la régie des transports.
La RATP a alors accepté de mettre à la disposition des policiers une rame de tramway. "Il a été décidé par les forces de police de transporter ces gens dans le tram", alors que "le tramway n’est pas fait pour ça", s’indigne lors d’une conférence de presse le PDG de la RATP, Pierre Mongin. "L’entreprise n’est absolument pas en cause dans cette affaire", poursuit le patron de la RATP.
En revanche, la préfecture de Seine-Saint-Denis décline toute responsabilité, et assure qu’elle n’a "jamais réquisitionné de tramway, ni elle, ni la police". La préfecture accuse la RATP d’avoir décidé unilatéralement le transport des Roms dans l’un de ses tramways. "Ce n’est pas la préfecture qui a demandé une rame supplémentaire, mais la RATP qui a décidé de mettre en place cette rame", indique la préfecture, qui précise qu’"un groupe de policiers avait été dépêché, par mesure de sécurité, pour effectuer l’accompagnement".
Cette opération provoque un tollé chez les élus de gauche qui crient au scandale.
Cécile Duflot d’Europe Ecologie-Les Verts dénonce une "opération (qui) réveille en nous une monstrueuse évocation", en référence à la rafle des juifs du Vel d’Hiv en juillet 1942. Même indignation pour le conseiller général Gilles Garnier (PCF) qui affirme que cette histoire "m’a rappelé des souvenirs d’école ou de cinéma".
Jean-Paul Huchon, président de la Région Ile-de-France (PS), demande des éclaircissements sur cette affaire. Il faut que "toute la lumière soit faite" pour que "les responsables soient sanctionnés", dit-il. Dans un communiqué, il a "condamné (...) l’inhumanité et la brutalité de cette opération mue par des considérations sécuritaires".
Dans un communiqué commun, la CGT et la RATP dénoncent une "méthode scandaleuse et inhumaine". Le syndicat s’indigne de voir que les agents de la RATP soient "les supplétifs de ces basses besognes". Il les invite à "refuser, partout et toujours, de collaborer à de telles pratiques".
De son côté, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant s’est exprimé sur la question. Il a dénoncé "un certain nombre d’amalgames que j’ai entendus avec la Shoah" qui "sont spécialement scandaleux" et "banalisent la Shoah".
"A aucun moment les policiers n’ont employé la force pour évacuer le campement. De la même manière, ils n’ont pas forcé les 150 ressortissants roumains à emprunter le (tramway), ceux-ci sont montés volontairement à bord de la rame mise à disposition par la RATP", assure le porte-parole du ministère.