Le débat sur le texte instituant le mariage aux couples homosexuels s’est ouvert hier à l’Assemblée nationale dans une ambiance électrique. Les députés devront examiner plus de 5.000 amendements, certains extravagants et d’autres plus frondeurs.
Ce sont deux semaines de débats qui se sont ouverts hier à l’Assemblée nationale. Les députés se penchent sur le texte de loi qui doit ouvrir le mariage aux couples homosexuels. Plus de 5.000 amendements ont été déposés par les législateurs, 11 des écologistes et le reste de l’opposition.
Parmi les plus provocateurs, on retrouve ceux du député-maire d’extrême droite Jacques Bompard qui propose "l’ouverture du mariage aux polygames, aux incestueux et aux amateurs de jeunes mineurs" ou tout simplement la "suppression du mariage civil" estimant que le mariage est "une affaire privée qui ne concerne pas l’Etat". Il propose ainsi d’abroger les articles du code civil fixant l’âge légal de 18 ans pour se marier, permettant ainsi la légalisation du mariage entre mineurs.
Treize députés ont cosigné un amendement visant à permettre "aux parents, s’ils le souhaitent, d’exclure l’adoption de leur enfant par un couple de personnes de même sexe et d’imposer cette interdiction au conseil de famille".
Les députés du Front national mettent en garde contre "un très grave risque de dérive (...) vers des pratiques illégales et très traumatisantes telles que la PMA (procréation médicalement assistée) ou la GPA (gestation pour autrui)". Les écologistes également ont déposé un amendement sur l’ouverture de la PMA.
Le député UMP Jean-Frédéric Poisson tient à inscrire dans la loi "l’intérêt supérieur de l’enfant de vivre prioritairement auprès de son père et de sa mère biologiques". Toujours en ce qui concerne le bien-être de l’enfant, quatre députés ont consigné un amendement visant à interdire l’adoption à une personne seule car "il est apparu que le bien être de l’enfant passait par une structure parentale composée de deux personnes. Il convient donc d’en tirer les conséquences juridiques qui en découlent et de réserver l’acte d’adoption aux époux".
Certains députés proposent également de "délocaliser" la célébration du mariage autorisant aux couples de se marier dans une autre commune que celle où il réside. L’objectif clairement affiché est de permettre aux maires opposés au mariage homosexuel d’avoir leur "liberté de conscience".
Le député UMP Bernard Debré va encore plus loin en suggérant que le préfet puisse désigner un officier d’office si le maire se refuse à célébrer l’union d’un couple homosexuel. Il avance que "certains maires, notamment outre-mer, préféreront encourir la suspension, voire la radiation et les sanctions pénales, plutôt que de devoir célébrer des mariages de couples de même sexe".
Pour les plus excentriques, Jacques Bompard toujours ne manque pas d’imagination. Il propose que "l’enfant prenne automatiquement comme premier prénom le premier prénom de l’officier de l’état civil qui reçoit la déclaration" afin de "reconnaître le mérite des officiers d’état civil".
Un amendement étonnant ou polémique propose d’autoriser le mariage religieux sans le mariage civil, chose interdite aujourd’hui. Pour le député de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) ce serait une manière de respecter la "la liberté de pensée, de conscience et de religion".
Ce sont 5.362 amendements qui ont été déposés par les députés de différents groupe pour retarder le vote de cette loi sur le mariage homosexuel, précise Le Parisien. Un nombre impressionnant de modifications qui place ce texte dans le top 10 du plus grand nombre d’amendements en 30 ans. C’est le texte de loi portant sur la privatisation de GDF en 2006 qui détient tous les records avec 137.000 amendements déposés.