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"La fin de l’argent liquide empêchera la constitution de points de deal", a annoncé le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, jeudi 22 mai.
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a évoqué jeudi 22 mai une mesure radicale : supprimer l’argent liquide pour compliquer la tâche des trafiquants de drogue. Devant la commission d’enquête sénatoriale sur la délinquance financière, il a affirmé que cette "mesure assez simple" pourrait limiter fortement les flux d’argent illégaux.
"Une grosse partie de la fraude, de la délinquance du quotidien, et même des réseaux criminels, ce sont des fraudes d’argent liquide", a-t-il rappelé. Il a estimé que la disparition des espèces rendrait plus difficile la structuration de réseaux de distribution, notamment dans les quartiers touchés par les trafics. "La fin de l’argent liquide empêcherait la création de points de deal", a-t-il renchéri.
Gérald Darmanin a toutefois reconnu que la disparition des espèces ne mettrait pas fin à la circulation de stupéfiants. "Sans doute, il y aura toujours de la drogue et des livraisons", a-t-il concédé. Il a cependant insisté sur le fait que "l’argent traçable, comme les cryptoactifs bien surveillés, complique fortement les transactions pour consommateurs et revendeurs". Selon lui, rendre tous les paiements traçables renforcerait les moyens d’action contre les circuits de revente. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une proposition applicable immédiatement, il défend cette idée comme une solution de fond pour perturber l’économie souterraine.
Malgré cette position, Gérald Darmanin a admis que supprimer les billets pourrait ne pas rencontrer une grande popularité. Certes, l’usage de l’argent liquide a diminué depuis plusieurs années au profit des cartes bancaires. Pourtant, 43 % des paiements étaient encore réalisés en espèces en 2024, selon la Banque de France.
Au micro de RTL vendredi, le ministre de la Justice a reconnu que "l’argent liquide offre aussi des avantages, une liberté individuelle où l’État ne regarde pas tout à tout moment". Par ailleurs, il a rappelé que les paiements en espèces sont strictement encadrés en France, avec une limite fixée à 1 000 euros sauf entre particuliers. "Une longue discussion avec les Français serait nécessaire avant d’envisager la fin des billets et des pièces de monnaie", a-t-il conclu, d’après TF1.
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