Jacques Witt/SIPA
Lundi 12 mai, la députée Sandrine Josso et la ministre Aurore Bergé ont présenté le rapport sur la lutte contre la soumission chimique. Plusieurs recommandations ont été dévoilées.
La mission gouvernementale sur la soumission chimique, menée par la députée Sandrine Josso, a publié ses conclusions ce lundi 12 mai. Dans une interview accordée au journal Libération, elle a dévoilé ses principales recommandations, qui visent à améliorer "la prévention et l’accompagnement des victimes". La ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes, Aurore Bergé, a également souligné l’importance de l’action gouvernementale sur ce sujet sensible, rapporte HuffPost.
La soumission chimique, qui consiste à administrer des substances psychoactives à une personne sans son consentement, est souvent utilisée pour commettre des viols et des agressions.
Le procès des viols de Mazan a révélé le manque de connaissances des professionnels de santé, notamment sur le diagnostic des victimes de soumission chimique. Face à cette situation, Aurore Bergé a insisté sur l’importance de la formation de tous les acteurs concernés : forces de l’ordre, magistrats, soignants. "C’est une recommandation que l’on va déployer avec notre administration", a-t-elle renchéri.
Selon Sandrine Josso, ces formations doivent également concerner "les travailleurs sociaux, pompiers, toute personne susceptible de rencontrer des victimes suspectées ou avérées". Elles ont pour but de sensibiliser les professionnels aux risques de soumission chimique et à les aider à identifier les victimes.
La mission recommande également que la Haute Autorité de santé (HAS) élabore des fiches réflexes comprenant des recommandations sur l’examen, le diagnostic, le dépistage toxicologique et l’accompagnement des victimes. Sandrine Josso a par ailleurs souligné l’importance de recueillir des preuves à travers des analyses toxicologiques menées par des professionnels experts. Elle a proposé de créer un répertoire référençant des laboratoires experts dans chaque région. "Une personne habitant dans une grande ville pourra aussi se rendre dans un CHU avec des unités médico-judiciaires (UMJ)", a-t-elle précisé.
Pour les victimes vivant dans des zones rurales ou dans les territoires d’Outre-mer, où les CHU avec des unités médico-judiciaires sont rares, Sandrine Josso a mentionné un rôle-clé pour les infirmières. Ces dernières seraient habilitées à effectuer des prélèvements dans les heures suivant l’agression.
La mission gouvernementale a toutefois rejeté les kits de dépistage en pharmacie proposés par Michel Barnier. Pour elle, ces autotests ne pouvaient pas identifier toutes les substances et risquaient de donner des faux négatifs. En revanche, la prise en charge des analyses toxicologiques sera expérimentée en juillet dans trois régions, y compris un territoire d’Outre-mer, afin que l’assurance maladie couvre ces analyses, même sans plainte.
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