Avec l’interdiction de voyager pendant le premier confinement, le livestreaming a été utilisé par de nombreux pédocriminels pour remplacer le tourisme sexuel.
Les enquêteurs de l’Office central de la répression contre les violences aux personnes (OCRVP) ont repéré 300 Français soupçonnés d’être les commanditaires des viols ou des agressions sexuelles d’enfants à l’étranger. Les viols d’enfant commandés sur Internet et dirigés en direct derrière un écran ont pris de l’ampleur depuis le début de la crise sanitaire, rapporte Franceinfo. Avec les interdictions de voyager pendant le premier confinement, le livestraming est devenu une pratique courante auprès des pédocriminels pour remplacer le tourisme sexuel. Une fois en contact avec les intermédiaires, les clients décrivent la scène qu’ils souhaitent voir. Dans leur commande, ils fixent également le nombre d’enfants, leur âge, les actes désirés et la durée. Le coût est dérisoire, de 15 à 60 dollars (13 à 60 euros) en moyenne. Le viol commis à l’étranger est ensuite retransmis en direct au "client".
Le phénomène apparu aux Philippines en 2012 s’est étendu au Laos ou en Inde avant de débarquer en Europe de l’Est, notamment en Roumanie. "Ce sont des familles très pauvres, qui gagnent en une heure de session de livestreaming l’équivalent du salaire moyen mensuel.", a confié Katie Steel, cheffe adjointe du groupe mineurs à l’OCRVP. Les enfants sont souvent âgés de 5 ans, parfois moins. Les clients essentiellement des hommes peuvent donner des ordres en direct pendant le viol. "Il n’y a pas de profil type. Cela peut aller de l’individu isolé, à un individu inséré avec une vie de famille.", a ajouté Katie Steel. Certaines vidéos mettent en scène des actes de tortures et de barbarie réalisés en direct.
La traque des commanditaires est loin d’être facile, mais les choses ont changé depuis janvier 2020. En effet, les juges sont autorisés à condamner les "clients" de livestreaming pour complicité d’agressions sexuelles ou de viols, et non plus seulement pour détention d’images pédopornographiques. "En droit français, celui qui donne les instructions depuis la France se rend complice de l’infraction qui est commise et encourt donc la même peine que l’auteur.", a expliqué Sophie Gschwind Sophie Gschwind, magistrate au parquet des mineurs de Paris, qui centralise depuis 2019 tous les dossiers de livestreaming en France. "Quand ces faits concernent des mineurs de moins de 15 ans, il encourt vingt ans de réclusion criminelle devant une cour d’assises", a-t-elle ajouté. En ce qui concerne l’identification des enfants, Ludivine Piron à l’ECPAT (End child prostitution, child pornography and trafficking of children for sexual purposes), une ONG militant contre l’exploitation sexuelle des enfants, collabore étroitement avec les enquêteurs de l’OCRVP sur ces dossiers.
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