Si la Ministre de la Santé est partante pour l’expérimentation des salles de shoot en France, le Premier ministre s’interpose catégoriquement. Ainsi, la droite est visiblement divisée sur le sujet tandis que la gauche y est favorable. Les débats s’annoncent passionnants.
Pour le Premier ministre François Fillon ces salles ne sont "ni utiles, ni souhaitables". "La priorité de Matignon est de réduire la consommation de drogues, non de l’accompagner, voire de l’organiser". Cette déclaration est une réponse à Roselyne Bachelot qui, en déplacement à Bayonne, s’est dite favorable à une mise en place expérimentale de "centres de consommation supervisée". S’alignant avec les conclusions du rapport de l’Inserm, la Ministre de la Santé avance que ces centres sont déjà implantés dans huit pays et permettent notamment de lutter contre la propagation du VIH, limitent les risques d’overdoses et facilitent la réinsertion des toxicomanes. Toutefois, cette dernière explique que l’éventuelle création de ces salles serait soumises à des pré-requis indispensables tels que l’interdiction de tout acte de vente, la prise en charge globale des toxicomanes et l’adhésion de tous les acteurs locaux. Des personnalités de la droite à l’instar de Nadine Morano du gouvernement ou encore le maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin partagent cette vision. "Toutes les pistes pour sauver l’usager de drogues de sa dépendance doivent être expertisées", affirme notamment Morano.
La déclaration de Roselyne Bachelot n’est pas du goût des élus UMP. 14 députés de la majorité ont fait front commun pour rejeter le projet. "Mais pourquoi Roselyne Bachelot, pourtant ministre de la Santé et toujours prompte à lutter contre le tabagisme, s’est-elle laissée aller en se disant plutôt favorable à la création de salles de consommation de drogue ?", s’interrogent ces derniers dans un communiqué. Cette position est relayée par Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, qui se dit fermement opposé à l’ouverture de tels centres. "Ces salles seraient un très mauvais signal", avance ce dernier.
De son côté, la gauche soutient unanimement le projet. "Le Parti socialiste est favorable à ce qu’on expérimente des lieux où les toxicomanes puissent prendre leurs substances dans des conditions de contrôle médical", affirme Christophe Borgel, secrétaire national chargé des élections. Les Verts et le Modem s’alignent également sur cette position.