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Face à un projet de loi controversé, les professionnels de santé montent au front ce lundi. Grève nationale, manifestations et fermetures de cabinets sont à l’ordre du jour.
Une vague de contestation secoue le secteur de la santé. Les médecins libéraux, internes et étudiants protestent contre la loi Garot.
Le texte, adopté en première lecture début avril 2025, prévoit une régulation des installations pour lutter contre les déserts médicaux. Cette proposition transpartisane, initiée par le député Guillaume Garot (PS), a vu un article clé adopté par l’Assemblée nationale début avril. L’examen du reste du texte est prévu début mai. Cette mesure est jugée dangereuse par les professionnels, qui craignent une perte d’attractivité pour la médecine libérale. L’Anemf et de plusieurs syndicats, ont lancé un appel de grève. Cette mobilisation nationale intersyndicale est organisée ce lundi 28 avril. Elle sera appuyée par une manifestation le 29 avril.
Face à cette fronde, le gouvernement a présenté un contre-plan le 25 avril. François Bayrou propose que les médecins consacrent deux jours par mois à des consultations dans les zones prioritaires. Cette mesure peine à convaincre. Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux (SML), prédit que cette obligation individuelle renforcera la grève. Philippe Cuq, coprésident de l’Union Avenir Spé Le Bloc, déplore l’incompréhension des politiques face à leurs arguments.
Les jeunes médecins, via la voix de Lucas Poittevin, appellent à une grève dure dès ce lundi, avec la fermeture des cabinets. La Fédération des médecins de France (FMF) se joint à ce mouvement. Sa présidente, Patricia Lefébure, annonce la fermeture de son cabinet lundi et mardi. Agnès Giannotti, présidente du Syndicat des Médecins Généralistes (MG France), recommande de manifester auprès des jeunes médecins, principaux concernés par le projet Garot. Philippe Cuq évoque un arrêt des activités de son syndicat lundi, mardi et mercredi, dans la mesure du possible en raison d’interventions chirurgicales programmées. Il estime qu’il faut "créer un risque sanitaire" pour faire bouger les politiques. Toutefois, de nombreux praticiens, conscients de leurs obligations médicales, privilégient des actions ponctuelles.
La grève s’étendra aux services de garde et aux permanences de soins durant la nuit, les week-ends et jours fériés.
Lucas Poittevin, président de l’Anemf, rappelle que même si le gouvernement présente des alternatives, le vote du texte de Guillaume Garot rendra la régulation inévitable. Pour Franck Devulder, président de la CSMF, fermer durablement les cabinets reste impossible en raison de la prise en charge des patients. En revanche, il appelle à soutenir activement les jeunes générations, premières concernées par cette réforme. À l’instar de nombreux libéraux installés, il appelle à la grève de la permanence des soins et du service d’accès aux soins jusqu’au retrait de cette proposition.