En effet, le plan prévoyant la fermeture de 45 prisons jugées trop " vétustes " d’ici à 2017 pour être remplacées par de nouvelles constructions est vu avec scepticisme par certains.
Pour le gouvernement, cette réforme pénitentiaire est censée améliorer les conditions d’incarcération en France, et devrait mettre fin au problème de la surpopulation carcérale avec 68 000 places de prison à l’horizon 2017 contre 56 324 actuellement.
Parmi les mesures phares de ce plan figure en bonne position "la généralisation de la cellule individuelle, la mise en place d’un meilleur confort sanitaire, ainsi que la valorisation de l’accueil des familles. Avec le nouveau plan, les détenus auront notamment droit à des petits studios dans lesquels ils pourront accueillir leur famille, pendant les weekends par exemple. En un mot, le plan se donne le défi de faire de la prison un lieu de vie plus agréable.
A titre indicatif, selon un rapport sénatorial de 2009, sur les 191 prisons que compte la France, 86 avaient été montrées du doigt pour leur non-respect des normes européennes.
Toutefois, ce projet de refonte du milieu carcéral ne séduit pas les syndicats. Au cœur des critiques : la localisation et la conception des nouveaux établissements.
Le syndicat du personnel pénitentiaire évoque de nouvelles conditions de travail "pénibles". La délocalisation des prisons entraînera l’éloignement du lieu de travail. Plus de 1000 personnels vont ainsi devoir parcourir en moyenne 80 kilomètres pour se rendre au travail.
De même pour les membres de la famille des prisonniers qui seront obligés de faire parfois jusqu’à 400 km pour rendre visite au détenu.
Fo pénitentiaire accuse aussi le gouvernement de vouloir déshumaniser le milieu carcéral. Selon le syndicat, les prisons dites modernes que l’Etat compte bâtir favorise un cloisonnement des relations humaines. De plus, l’introduction de la vidéo-surveillance prévue par le plan ne sera pas pour arranger les choses. Elle " mettra en péril la relation détenus-personnels, pourtant si importante dans l’univers carcéral ", a indiqué Christophe Marques, secrétaire général de FO pénitentiaire.
Pour l’Observatoire international des prisons (OIP), le gouvernement ne répond toujours pas aux attentes du Conseil de l’Europe.
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue pointe la capacité du parc pénitentiaire prévue par le plan. " 700 places par établissement, pour moi, c’est encore beaucoup trop ", a-t-il déclaré sur France Inter. Selon Jean-Marie Delarue, le gouvernement a minimisé le volet social des prisons. " La vie du détenu n’est pas faite que d’un cadre matériel, elle est faite aussi d’une vie sociale, et je crois que cette vie sociale ne peut se faire que lorsqu’on arrive à 200 places au maximum par établissement. ", a-t-il martelé.
Pour sa part, Patrick Marest, délégué général de l’OIP, propose de rechercher d’autres alternatives pour alléger la surpopulation carcérale. Selon lui, "plus on construit, plus on remplit ". " Il faut valoriser d’autres moyens de réparation que l’incarcération, tels les travaux d’intérêt général ", suggère-t-il.
Outre les syndicats, les politiques ont également émis des réserves par rapport au plan de modernisation des prisons françaises. La mairie (PS) de Caen dénonce par exemple le transfert ou la délocalisation de la maison d’arrêt de la ville à Saint-Lô (Manche).
Idem pour le député socialiste Jean-Louis Bianco, président du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, qui a " désapprouvé totalement " la fermeture de la prison de Dignes-les-Bains à l’horizon 2015.