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Les conduites addictives en milieu professionnel s’accentuent depuis huit ans. Un phénomène préoccupant qui touche surtout les travailleurs les plus précaires.
Entre 2017 et 2025, les cas d’usage d’alcool et de stupéfiants en entreprise ont plus que doublé et ont atteint 107%. Selon les chiffres dévoilés dans une étude d’iThylo, la part de salariés testés positifs est passée de 2,6 % à 5,3 %. Cette flambée s’accompagne d’une explosion des cas liés à la cocaïne, multipliés par treize en huit ans. Cette drogue, auparavant cantonnée aux milieux festifs, s’est aujourd’hui répandue sur les chantiers et dans les entrepôts. iThylo évoque plusieurs groupes de consommateurs actifs au sein d’un même site. "Là où, en fait, il était extrêmement rare de dépister une personne positive à la cocaïne dans nos premières années, il n’est pas rare désormais que, par exemple, sur un chantier, on ait des consommations de plusieurs personnes entre elles", a expliqué Jean-Jacques Cado, cofondateur et président d’iThylo, auprès de Franceinfo.
L’étude nommée "Révéler ce qui ne se voit pas", met en évidence une réalité bien connue avec les intérimaires en première ligne. Bien qu’ils ne représentent que 15 % des salariés testés, ils concentrent à eux seuls une part importante des cas positifs à raison de 25 % pour le cannabis, 31 % pour la cocaïne et 18 % pour l’alcool. Les conditions de travail précaires comme les horaires décalés, les hébergements collectifs ou l’isolement favorisent ces usages. Ces salariés sont également moins bien intégrés et disposent de peu d’informations sur les dispositifs de prévention.
Depuis la fin de la pandémie, les comportements ont changé. Entre 2022 et 2024, les cas positifs à l’alcool ont bondi de 43 %, ceux aux drogues de 52 %. Un tournant net par rapport à la période 2017-2021, jusque-là marquée par une relative stabilité. L’alcool reste particulièrement présent en soirée et en fin de semaine. Face à cette banalisation, iThylo appelle à revoir les politiques de prévention. Les auteurs recommandent une approche inclusive, impliquant tous les statuts, menée par des professionnels formés et ancrée dans la réalité du terrain. L’étude s’appuie sur plus de 110 000 dépistages réalisés de 2017 à avril 2025.