RAPHAEL BLOCH/SIPA
Cacao, sucre, vanille ou café, ces produits du quotidien cachent une réalité inquiétante. En France, certaines filières agricoles importées aggravent la déforestation, la pollution, les inégalités sociales et les violations des droits humains.
Une étude sortie le 17 avril 2025 par le BASIC, pour le compte de Greenpeace France, Max Havelaar et l’Institut Veblen, révèle ces dérives. Treize filières sont pointées du doigt pour leurs effets dévastateurs sur l’environnement et les droits humains.
Selon les informations relayées par France Inter, le document intitulé "Consommation française de produits agricoles importés : quels impacts, quelles solutions ?", regroupe treize filières en fonction de leur impact. Le cacao, avec un score de 14 sur 21, caracole en tête. Il est suivi du soja (13), de l’huile de palme (12), puis de la vanille, du sucre de canne, du riz et du café (11 chacun). Les avocats et le jus d’orange obtiennent un score de 7. Les noix de cajou, tomates, thé (6) et les bananes (5) ferment le classement.
Ces aliments viennent majoritairement d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, et contribuent fortement à la déforestation. Le soja brésilien, le cacao ouest-africain et l’huile de palme asiatique sont cultivés dans des zones anciennement forestières, rasées pour créer des monocultures intensives. Leur culture cause une perte massive de biodiversité.
Cette analyse se penche sur les conséquences socio-économiques (telles que le travail des mineurs, le travail contraint et le niveau de vie) et environnementales (concernant le climat, les ressources en eau et la biodiversité) des principales importations agricoles françaises. Le BASIC est une coopérative dont la spécialité est l’étude des impacts des modèles de production et de consommation sur la société et l’environnement, en se concentrant sur l’alimentation et l’agriculture.
L’étude révèle que six filières rassemblent la majorité des violations des droits humains. Cacao, vanille, riz, sucre de canne, huile de palme et café sont touchés le travail des enfants. Le travail forcé et des salaires très bas, sont répandus dans ces secteurs. Pour la vanille, l’huile de palme et le sucre de canne, les revenus reçus représentent souvent moins de 60 % du revenu vital nécessaire à une vie décente.
En Afrique de l’Ouest, la culture du cacao mobilise près de 1,5 million d’enfants dans des conditions dangereuses. Le travail forcé est également signalé dans la culture de la vanille et de la canne à sucre.
Cacao, soja et café sont parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre liés à l’agriculture. Ces cultures participent aussi à la pollution des sols et des eaux. Ces recherches pointent également une consommation excessive d’eau bleue (eau souterraine ou de surface) pour le soja, le riz et le jus d’orange. Ils sont souvent pratiqués en monoculture et provoquent des manques d’eau. "Ces trois cultures, souvent pratiquées en monoculture et avec une forte dépendance à l’irrigation, exercent une pression directe sur les ressources en eau, parfois dans des régions déjà vulnérables à la sécheresse", indique l’étude.
Greenpeace, Max Havelaar et l’Institut Veblen, demandent une application stricte des règlements européens (RDUE, CS3D, Travail Forcé) et rejettent l’accord UE-Mercosur. Ils réclament aussi un soutien actif aux certifications écologiques et équitables.
Source : France Inter