Vingt ans après la loi de 2005 sur le handicap, les territoires ultramarins restent largement à la traîne.
Face au manque de données fiables, une délégation sénatoriale vient de publier un rapport pointant un retard important dans la prise en charge des personnes handicapées.
La délégation aux Outre-mer du Sénat a mené une enquête dans plusieurs territoires Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et via visioconférences. Cent cinquante auditions ont permis de dresser un panorama inédit de la situation. Résultat : les écarts avec l’Hexagone sont marqués.
Chez les 15-24 ans, 8 % vivent avec un handicap dans les DROM, contre 5 % en métropole. Chez les 25-64 ans, ce taux grimpe à 12 % contre 10 %. À Mayotte, près de 18 % des jeunes enfants présentent des limitations cognitives sévères, contre 3 % dans l’Hexagone.
Les sénateurs pointent aussi un défaut de statistiques, rendant difficile toute évaluation globale. Micheline Jacques, présidente de la délégation, parle d’un « chiffre effrayant » et d’un besoin urgent de vérification.
Le rapport relate plusieurs facteurs aggravants. À La Réunion, le syndrome d’alcoolisation fœtale est cinq fois plus fréquent que la moyenne nationale. En Guyane, l’exposition au mercure reste un problème. À cela s’ajoutent pauvreté, mal-logement, familles monoparentales nombreuses, retards de dépistage ou encore inaccessibilité des services.
Les objectifs de la loi de 2005 ne sont pas atteints, souligne le sénateur Akli Mellouli : logements inadaptés, manque d’accompagnement étudiant, échec de l’insertion professionnelle, et accès limité au sport. L’offre médico-sociale reste insuffisante et mal répartie.
La délégation avance 16 propositions. Parmi ces suggestions, elle inclut l’intégration des Outre-mer au Conseil national consultatif des personnes handicapées, accommoder les dispositifs aux réalités allophones. Il faut aussi accélérer la mise en œuvre du nouveau service de détection et d’intervention précoce.
Un plan de rattrapage sur dix ans est préconisé pour la Guyane, Mayotte, Saint-Barthélemy et Saint-Martin, en complément du plan « 50.000 solutions ». LADOM pourrait accompagner les étudiants handicapés ultramarins dans leurs études en métropole. Autres suggestions : adapter les modèles médico-sociaux aux petites îles, revoir le calcul de la majoration liée à la vie chère, et réévaluer les aides versées par la CNSA.
Les conclusions seront transmises à Manuel Valls, ministre des Outre-mer, et Charlotte Parmentier-Lecocq, en charge du Handicap. La délégation plaide pour une approche inclusive : accès au logement, à l’éducation, au sport et à la culture doivent faire partie intégrante de la politique publique.
Source : Journal de Mayotte