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Le projet prévoit un quartier sécurisé pour des détenus particulièrement dangereux.
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a confirmé la création d’une prison de 500 places à Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane. Elle accueillera un quartier de haute sécurité destiné à 60 détenus. Il s’agit principalement de narcotrafiquants violents repérés en Guyane, Guadeloupe et Martinique. Quinze cellules seront réservées à des islamistes/radicalisés condamnés pour terrorisme djihadiste.
Les réactions n’ont pas tardé. La Collectivité territoriale de Guyane (CTG) rejette fermement ce projet. Elle affirme ne pas avoir été consultée. Pour elle, la Guyane ne doit pas devenir une terre d’accueil pour les criminels de métropole. Elle évoque un retour symbolique au bagne colonial.
Saint-Laurent-du-Maroni fut, de 1850 à 1938, le principal point d’entrée des forçats envoyés depuis la France. Selon la sénatrice socialiste, Marie-Laure Phinera-Horth, ce passé pèse lourdement dans les mémoires. Elle y voit une blessure rouverte. Sophie Charles, maire de la commune, s’oppose fermement à ce projet qu’elle considère inacceptable : "Cette page de l’Histoire est tournée et j’espère qu’elle ne reviendra pas."
Clément Beaune, Haut-commissaire au Plan, a soutenu ce projet sur France Info. De son côté, Nicolas Mayer-Rossignol, maire PS de Rouen, a affirmé ne pas s’y opposer sur le fond. Il a toutefois soulevé plusieurs points d’interrogation : "Est-ce que ce sera suffisant pour résoudre le phénomène et la gangrène du narcotrafic ? Absolument pas."
Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, a déclaré soutenir les autorités locales de Guyane dans leur opposition au projet de centre pénitentiaire pour détenus dangereux, proposé par Gérald Darmanin.