A cause de la pandémie de coronavirus, plusieurs entreprises ont opté pour le télétravail. De nombreuses questions se posent pourtant, sur l’efficacité et la productivité de chacun en travaillant à domicile.
Une hausse rapide de nouveaux cas de coronavirus est constatée en France. Mardi 18 août, le ministère du Travail a annoncé l’évolution des règles sanitaires dans les entreprises. Le télétravail restera "recommandé" par le gouvernement, surtout dans les "zones de circulation active du virus". Si la situation sanitaire s’aggrave, le retour au télétravail est très probable pour certaines sociétés. Une hypothèse qui pourrait réjouir certains employés, mais pas forcément les dirigeants des entreprises qui ont des doutes sur les performances et la productivité de cette organisation.
Pour les spécialistes, cette méthode n’est pas non plus la plus efficace. "Scientifiquement, il n’est pas fondé que le télétravail améliore la productivité", a expliqué Amélie Dudezert, professeur en management à l’Université Paris-Sud. "On ne demande pas le télétravail pour être plus productif", a aussi rappelé Jean Pralong, professeur de gestion des ressources humaines à l’EM Normandie, note 20 Minutes.
A l’échelle de l’entreprise, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a enregistré des "effets négatifs potentiels". Ces points doivent être "impérativement" contrebalancés par une hausse du niveau de satisfaction des employés pour que le télétravail s’accompagne d’une augmentation de la productivité.
Le professeur Jean Pralong a, de son côté, indiqué que le télétravail retire des informations aux salariés et donne lieu à moins d’interactions. A son avis, les demandes sont plus formelles et il faut plus de temps pour les comprendre. "Les pauses qu’on prend au travail déconcentrent moins que quand vous vous arrêtez de travailler pour ranger la chambre ou vider le lave-linge", a-t-il cité.
Côté relation et communication, l’OCDE a apporté son point de vue dans son étude sur l’état de l’art scientifique autour du télétravail. Elle a confirmé que les réunions en face-à-face sont propices à une communication plus performante par rapport à d’autres formes d’échange à distance : le courrier électronique, le chat ou le téléphone.
L’organisation a aussi constaté que le télétravail pourrait ralentir le processus d’acquisition de compétences par la pratique. Pour l’entreprise, cette méthode pourrait être un frein au processus d’innovation, à la circulation et au partage des connaissances.
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Pour les salariés, le fait de travailler à domicile pourrait avoir de mauvais impacts sur leur santé. En effet, "en télétravail, le salarié travaille de manière plus intense, donc il se fatigue beaucoup plus. Il y a aussi l’épuisement lié à la concentration sur les écrans d’ordinateur", selon Aurélie Dudezert. Par ailleurs, la tranquillité n’est pas toujours garantie d’où la nécessité de se répéter plusieurs fois la même chose. Pour maintenir ainsi, sa productivité, il faut travailler plus.
Outre cette augmentation du volume d’horaires, le télétravail génère aussi plus de stress, selon Jean Pralong, puisqu’il faut justifier que l’on travaille bien en étant à distance.
Benoît Serre, secrétaire général de l’ANDRH et directeur associé au Boston Consulting Group partage également leurs avis. "On est plus fatigué en télétravail, parce que dans une entreprise, vous avez des tas de moments de pause, de moments inutiles. Cela nécessite une forme d’auto organisation qui d’habitude est prise en charge par l’entreprise", a-t-il reconnu. Par ailleurs, à terme, l’isolement peut aussi user les salariés.
Malgré tous les points négatifs de cette organisation, deux-tiers des responsables des ressources humaines attendent des "gains de productivité" avec le télétravail. Ce chiffre résulte d’une récente enquête de l’ANDRH et du Boston Consulting Group. Selon Benoît Serre, le télétravail permet de changer les modèles de management, de faire disparaître les petits chefs et de mettre en place un management plus responsabilisant. Cela génère de la motivation et de la confiance, qui est l’un des moteurs de la performance. Il ne faut pas oublier non plus les gains possibles sur les surfaces, qui entrent aussi dans la balance.
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