ALLILI MOURAD/SIPA
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié un rapport sur les conditions de travail des livreurs de repas des plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo. Elle y alerte sur une situation sanitaire jugée préoccupante.
Dans un rapport publié mercredi 26 mars, l’Anses a alerté sur les effets délétères du travail des livreurs de repas à deux roues, employés via des plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo. Elle s’est notamment penchée sur une organisation structurée autour du management algorithmique, identifié comme un "facteur majeur de risque".
"Ce management algorithmique consiste à recourir à une intelligence artificielle pour attribuer des tâches aux employés, dans le but d’optimiser le rendement économique de la plateforme", a expliqué l’Anses. Selon cette entité, il fixe également les règles de rémunération, applique des sanctions et évalue les livreurs sans intervention humaine. Cela supprime tout échange et renforce l’isolement, la pression et la perte de contrôle sur les conditions de travail.
Dans son rapport, l’Anses a précisé que les livreurs doivent composer avec un environnement urbain inadapté à leur activité. Entre autres, elle a cité la circulation dense, les intempéries, la pollution de l’air et les nuisances sonores. A cela s’ajoutent l’instabilité des revenus, l’absence de contact social et une précarité structurelle due à leur statut d’indépendant.
L’agence a aussi mentionné les conséquences concrètes de ces conditions sur leur santé : traumatismes liés aux accidents, stress constant, fatigue, troubles du sommeil ou encore pathologies cardiovasculaires. L’accumulation de ces contraintes, physiques et psychologiques, crée un cadre de travail fragilisant et peu structuré par les dispositifs de protection existants.
Pour mieux protéger la santé des livreurs, l’agence recommande de faire évoluer la législation. Elle a proposé l’application des règles du Code du travail à ces professionnels afin de leur garantir des droits équivalents à ceux des salariés. Elle a également plaidé à rendre obligatoire la collecte de données sur leur santé pour identifier les risques plus efficacement. D’ailleurs, la directive européenne déjà adoptée devrait permettre d’améliorer leur situation juridique.
Enfin, l’Anses a suggéré d’étendre l’analyse du management algorithmique à d’autres secteurs liés au travail via des plateformes numériques.
> A lire aussi : La Poste : dans 10 ans, la livraison de repas pourrait devenir la principale activité des facteurs