Jacques Servier, le père du Médiator est mort mercredi à l’âge de 93 ans. Malgré sa disparition, la procédure judiciaire contre le groupe Servier, son entreprise, se poursuivra avec un grand procès annoncé pour 2015.
" Les Laboratoires Servier et tous leurs collaborateurs ont appris avec une immense tristesse le décès de leur président-fondateur, le docteur Jacques Servier, décédé à son domicile le 16 avril 2014 dans sa quatre-vingt-treizième année ", peut-on lire dans un communiqué relayé mercredi soir par Europe1.
Mis en examen pour " obtention indue d’autorisation, tromperie, escroquerie, blessures involontaires et homicides involontaires " dans l’affaire Médiator, l’un des plus gros scandales sanitaires en France,
A la tête d’un géant de l’industrie pharmaceutique, Jacques Servier a certes été un exemple de réussite pour sa profession. Ses réalisations lui ont d’ailleurs valu une Grand-croix de la Légion d’honneur, décernée en 2008 par Nicolas Sarkozy. Seulement, une révélation est venue brusquement tout chambarder en mai 2010, lorsque l’un de ses médicaments à succès, le
Médiator, est identifié comme responsable d’au moins 500 décès, par une pneumologue brestoise, Irène Frachon. Un peu plus tard, ce chiffre était revu à la hausse pour s’établir autour de 1800 victimes.
L’homme d’affaires a commencé depuis à perdre progressivement toute sa crédibilité auprès de ceux qui témoignaient de l’estime pour ce qu’il a accompli. L’opinion, qui était jusqu’alors moins abrupte vis-à-vis de sa personne, s’est insurgée lorsqu’en janvier 2011, Jacques Servier évoque l’affaire Médiator avec une indifférence incongrue. "Le Mediator, ce n’est que trois morts ; 500 est un beau chiffre marketing. Les autres avaient déjà des valvulopathies ", déclare-t-il, froissant les familles des victimes. Même le ministre de la Santé de l’époque, Xavier Bertrand, s’est dit stupéfait par ses propos, surtout que le moment était déjà très critique.
" On s’en fout du procès ! ", cette autre déclaration de sa part, en mai 2013, a suscité un certain mépris auprès de l’opinion, d’autant plus qu’il l’avait formulée devant la presse venue couvrir le procès pour lequel il était jugé pour " tromperie aggravée ".
Conformément à la décision rendue le 16 janvier dernier par le procureur de Paris, " un grand procès " qui réunira tous les protagonistes dans cette affaire du Médiator aura lieu en 2015, probablement au cours du premier semestre, selon Le Monde.
Pour la pneumologue Irène Frachon, la mort du père du Médiator ne doit en aucun cas impacter la procédure en cours. " La Justice ne s’arrête pas, et les victimes doivent le savoir. Si la personne a disparu, le nom de Jacques Servier et ses collaborateurs auront à répondre des crimes devant la Justice. Le scandale du Mediator a révélé une culture de pharmaco-délinquance de l’entreprise Servier ", a-t-elle martelé, en réaction au décès de l’homme d’affaires.