Un nouveau rythme scolaire avec cours le matin et sports l’après-midi sera testé à partir de la rentrée dans une centaine de collèges et lycées en France, une annonce qui suscite un certain scepticisme chez les enseignants, au moment où l’Allemagne s’interroge sur ce modèle.
PARIS (AFP) - Un nouveau rythme scolaire avec cours le matin et sports l’après-midi sera testé à partir de la rentrée dans une centaine de collèges et lycées en France, une annonce qui suscite un certain scepticisme chez les enseignants, au moment où l’Allemagne s’interroge sur ce modèle.
Pour "renforcer la pratique du sport à l’école", le ministre de l’Education nationale Luc Chatel a annoncé mardi que deux à quatre établissements par académie, "volontaires et disposant des équipements sportifs adaptés", seront retenus pour ces tests.
A raison de "deux à trois classes" par établissement, ils devraient donc concerner "5.000 à 7.500 élèves" (sur 5,5 millions de collégiens et lycéens), a précisé le ministre lors d’un point de presse.
Ces expérimentations devraient prendre modèle sur celle menée par une classe de seconde du lycée Jean-Vilar de Meaux (Seine-et-Marne) depuis janvier : cours de 08H30 à 10H30 et de 11H00 à 13H30, activités sportives l’après-midi, puis soutien scolaire en effectifs réduits à partir de 16H30.
Un rythme qui "porte déjà ses fruits", car des "progrès" ont été constatés dans les résultats scolaires du deuxième trimestre et parce que des parents d’élèves ont fait part de leur satisfaction, a assuré M. Chatel.
S’ils ont partagé le principe de favoriser la pratique du sport à l’école, les syndicats d’enseignants ont réagi avec scepticisme, notamment parce que l’Allemagne, elle-même, s’interroge sur ce rythme qui a longtemps été son modèle.
"De nombreux Länder (Etats régionaux, ndlr) semblent en passe de revenir sur un système qui semble ne pas fonctionner aussi bien que le pense la technostructure ministérielle" française, a réagi dans un communiqué le Snalc-CSEN, syndicat plutôt classé à droite.
Le modèle allemand "n’a pas fait ses preuves. Y compris en Allemagne, ils réfléchissent à la manière dont ils ont organisé leur système scolaire parce qu’on sait très bien que dans l’après-midi, il y a beaucoup de jeunes qui n’ont pas de pratiques sportives ou culturelles", a déclaré à l’AFP la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison.
"Le risque est que ces pratiques deviennent petit à petit de l’ordre du bénévolat, qu’elles soient facultatives", a-t-elle ajouté.
Et ce d’autant plus que le nombre de professeurs d’Education physique et sportive (EPS) a baissé ces dernières années, déplorent les syndicats.
Alors que Nicolas Sarkozy avait fait du sport à l’école une de ses priorités pendant la campagne présidentielle de 2007, deux enseignants d’EPS sur trois partant à la retraite ne sont pas remplacés depuis quatre ans : pour environ 1.200 départs chaque année, il y a 400 recrutements.
Les nouvelles activités sportives ne seront pas organisées avec plus de professeurs d’EPS, a cependant expliqué M. Chatel. "Nous allons travailler avec les éducateurs sportifs des fédérations" dont certaines ont signé mardi des conventions avec le ministère de l’Education nationale, a-t-il ajouté.
Enfin, à quelques jours de l’ouverture en juin de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires, que M. Chatel veut faire travailler "plusieurs mois", les syndicats ont dénoncé un manque de concertation.
"Alors que nous sommes face à un vrai sujet, on annonce des résultats de la conférence avant même qu’elle ne se tienne ! Ce type de méthode de gouvernement laisse songeur", a commenté à l’AFP Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT, syndicat pourtant assez favorable aux innovations pédagogiques.