Dominique Chomereau-Lamotte/AP/SIPA
Deux femmes ayant travaillé dans des plantations de bananes en Martinique seront indemnisées par l’État. Le tribunal a reconnu leur préjudice moral lié à leur exposition au chlordécone.
Le tribunal administratif de la Martinique a condamné, lundi 12 mai, l’État à verser 10 000 euros à chacune des deux anciennes ouvrières agricoles. Ces dernières ont été exposées au chlordécone sans équipement de protection pendant plus de dix ans. Le tribunal a reconnu un préjudice d’anxiété, en raison du risque accru de développer des maladies graves comme celle de Parkinson ou certains cancers.
Les plaignantes ont travaillé dans des bananeraies où le chlordécone, un pesticide toxique, était largement utilisé. Elles ont participé à l’épandage manuel de ce produit, aujourd’hui interdit, sans aucune protection. Le tribunal a estimé qu’elles avaient apporté des éléments suffisants pour justifier leur anxiété face à une possible contamination durable, rapporte BFMTV.
Cette affaire s’inscrit dans une série de procédures similaires. En mars, la Cour administrative d’appel de Paris avait ouvert la voie en reconnaissant les fautes de l’État dans la gestion du chlordécone. Mais sur plus de 1 200 plaintes déposées en Guadeloupe et Martinique, très peu ont abouti. La difficulté à prouver une exposition directe reste un frein majeur à l’indemnisation des victimes.
D’après Le Monde, l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint a salué dans un communiqué « une victoire importante ». Le sénateur de Guadeloupe, Victorin Lurel (Parti socialiste) a partagé cet avis en évoquant « une étape considérable franchie qui permettra de (…) continuer le combat pour reconnaître et indemniser toutes les victimes du chlordécone ». De son côté, le député de Martinique Marcellin Nadeau (Gauche démocrate et républicaine) a confié être « très content de cette avancée, mais en étant très conscient de tout le travail qu’[il] reste à faire ».
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