Une information judiciaire a été ouverte après la mort de 3 nourrissons à l’hôpital de Chambéry où ils auraient été nourris avec des poches contaminées. Le pôle de santé publique de Marseille est chargé de l’enquête.
Le pôle de santé publique de Marseille enquête actuellement sur la mort de 3 nourrissons admis en décembre dernier à l’hôpital de Chambéry (Savoie) et qui auraient été contaminés par des poches de nutriments défectueuses.
Récit des faits
Chloé est née fin octobre avec 3 mois d’avance à l’hôpital de Chambéry. Admise en service néonatalogie, l’enfant « évoluait bien, avait bien pris niveau poids », passant de 750 grammes à 1,85 kg en seulement un mois et demi, selon ses parents. Pourtant, le soir du 6 décembre dernier, « son état de santé s’est subitement dégradé », rapporte Le Monde, citant toujours les témoignages des proches de la victime qui aurait rendu l’âme 3 heures plus tard.
Théo était également un enfant prématuré. Il avait moins d’une semaine lorsque qu’il a été, lui aussi, emporté par une maladie après avoir reçu en perfusion sa dose de nutriments. Son père affirme à la presse que l’enfant « allait bien » avant qu’il ne reçoive cette poche. Sa mère de rajouter que le petit Théo « a lutté pendant deux jours », avant de succomber.
La troisième victime, elle, se prénommait Milie, morte le 12 décembre à minuit. Elle n’est pas née prématurément, affirme le journal, mais était hospitalisée à Chambéry pour une insuffisance respiratoire. Milie « respirait de mieux en mieux », jusqu’à cette date du 12 décembre où « ils ont installé cette poche en début de soirée », confie son père. L’enfant « est morte à minuit », poursuit-il.
Un quatrième cas surgit
Les responsables de l’établissement n’étaient en mesure d’établir un lien entre les trois décès jusqu’à ce qu’un autre cas ne se manifeste quelques jours plus tard. Ce quatrième nourrisson n’était pas admis au service de réanimation comme Chloé, Théo et Milie l’avaient été. Pourtant, il avait « les mêmes symptômes que les trois précédents », explique Guy-Pierre Martin, le directeur de l’établissement. L’enfant a été épargné et c’est son cas qui a permis d’identifier l’origine des trois décès, consécutifs selon l’équipe médicale par l’administration de poches de nutriments contaminées. Le germe responsable est actuellement en cours d’analyses à l’Institut Pasteur.
Le pôle de santé publique de Marseille est chargé d’enquêter
Le 23 décembre dernier, le parquet de Chambéry s’est saisi de l’affaire, ayant abouti à une série d’inspections au niveau de l’hôpital ainsi que là où les poches sont produites. Mais « au regard de la technicité de l’affaire », le procureur de Marseille Brice Robin a décidé de passer le relais au pôle de santé publique de Marseille, lequel enquête désormais sur la base d’une information judiciaire, ouverte lundi 6 janvier. Dans la soirée, le ministère de la santé a indiqué à la presse nationale que « de nouvelles inspections » seront menées au niveau du laboratoire de production. « L’ensemble de la chaîne fait l’objet d’investigations approfondies », confie-t-on, une série d’inspections qui se poursuivra durant la journée de ce mardi.
Ce weekend, la ministre de tutelle, Marisol Touraine a tenu à souligner la complexité de cette affaire. « Avant la fabrication, il y a la production des composants qui interviennent dans ces poches. Ces poches sont fabriquées, contrôlées, transportées, stockées, administrées, et c’est donc à chacune de ces étapes que nous devons pouvoir produire des enquêtes et des analyses », explique-t-elle, se préservant de divulguer le nom du laboratoire qui fournit ces produit à l’hôpital de Chambéry.
Hier pourtant, le laboratoire normand Marette s’est exprimé via son avocat, Me Matthieu Lemaire, qu’il fournit des poches alimentaires à une vingtaine d’hôpitaux, dont celui de Chambéry et que jusqu’ici, aucune anomalie ne s’est produite. « L’enquête administrative et judiciaire (...) n’a mis en lumière aucun élément susceptible de mettre en cause la réputation et le professionnalisme de ce laboratoire », a insisté l’avocat sur Libération. Lui de préciser que « le laboratoire Marette achète des poches, qui sont le contenant et a pour mission de réaliser les solutés, c’est-à-dire le contenu, qui est intégré dans ces poches et ensuite les poches sont livrées » aux établissements concernés. Il estime ainsi que l’enquête devra concerner les différents « acteurs qui entrent en ligne de compte (...) du stade de la fabrication au stade des soins prodigués à ces trois enfants ».
A noter que les parents des 3 victimes ont déjà déposé à l’encontre de l’hôpital de Chambéry une plainte commune pour « homicide involontaire » dont le but est surtout, selon eux, de pouvoir comprendre ce qui s’est réellement passé. Ils souhaitent que les investigations puissent permettre de trouver « la faille du système pour que ça n’arrive plus jamais ».