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Le comité scientifique a publié jeudi 27 juin une expérimentation pour cinq pathologies dès 2020.
La semaine dernière, le gouvernement n’a pas accepté la proposition d’une légalisation du cannabis récréatif. Ce jeudi 27 juin, le comité scientifique a fait une autre proposition concernant cette fois-ci une expérimentation pour cinq pathologies dès 2020. Le comité d’experts mis en place par l’Agence du médicament (ANSM) est favorable à cette idée.
Mercredi 26 juin, une dernière réunion a été organisée avec les associations de patients et les professionnels de santé. Pilotée par le psychiatre et pharmacologue, Nicolas Authier, cette structure doit rendre son avis définitif ce jeudi. D’ailleurs, le comité a déjà validé la "pertinence" de la démarche en décembre. Le 19 juin dernier, il a livré ses "préconisations" sur la façon dont devrait se dérouler la "mise à disposition" de ce produit sensible.
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Une expérimentation "en situation réelle" serait menée pour cinq pathologies spécifiques : les douleurs neuropathiques non soulagées par d’autres thérapies, les épilepsies résistantes aux traitements, les effets secondaires des chimiothérapies, les soins palliatifs ainsi que les contractions musculaires incontrôlées (spasticités) de la sclérose en plaques.
Selon Nicolas Authier, ces pathologies sont choisies en fonction des données scientifiques disponibles et qui sont en tête des prescriptions de cannabis dans le monde où cela a été légalisé.
Seuls des médecins spécialistes qui sont "volontaires" pour participer et se former proposeront différents dosages des deux principes actifs majeurs du cannabis (le THC et le CBD). Deux formes principales de cannabis sont recommandées par les experts. La première à "effet immédiat" (huile et fleurs séchées pour inhalation) et la seconde à "effet prolongé" (solutions buvables et capsules d’huile).
Bertrand Rambaud, Coprésident du collectif Alternative pour le cannabis à visée thérapeutique (ACT) a regretté le cadre trop restreint de cette expérimentation. "Cinq pathologies retenues, c’est bien peu alors l’Association internationale pour le cannabis médical (IACM) en recense 41 pour lesquelles il est efficace", a-t-il précisé.
Concernant les médecins spécialistes, il a aussi estimé que cette décision risque de tuer dans l’œuf cette expérimentation. "Ces médecins sont déjà surbookés, ils ne prendront pas le temps de se former", a-t-il renchéri.
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Conscient du risque, Nicolas Authier défend ce qu’il présente comme une "mesure de précaution". Il a ainsi soutenu que beaucoup de médecins restent dubitatifs sur l’utilité du cannabis, car ils sont pollués sans doute par l’image négative qu’il conserve. Mais "l’expérimentation permettra de voir si ce cadre est trop restrictif", a-t-il signifié.
Le nombre d’usagers réguliers du cannabis est estimé à 1,4 million en France si 700 000 sont des usagers quotidiens, dont un tiers pour des raisons thérapeutiques.
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