Santé publique France a publié un bulletin dressant le bilan sanitaire durant les épisodes de forte chaleur. Avec un excès de plus de 10 000 décès, l’été 2022 a connu la surmortalité la plus importante depuis la canicule de 2003.
Entre le 1er juin et le 15 septembre, trois vagues de chaleur ont été enregistrées en France. L’été 2022, le deuxième plus chaud depuis 1900, n’était vraiment pas un été "comme avant". Au total, 69 départements sont concernés par au moins un jour de canicule, deux épisodes de vigilance rouge et des températures dépassant les 40°C dans des régions jusqu’alors épargnées. Santé publique France (SPF) a publié un bulletin consacré aux impacts de ces vagues de chaleur, rapporte Franceinfo.
Durant cette même période, SPF a estimé 10 420 décès supplémentaires, toutes causes confondues, soit un excédent qui s’élève à +6,1%. Selon cet organisme, la chaleur peut avoir un impact sanitaire, y compris en dehors des périodes de canicule. Ces dernières sont définies lorsque les moyennes sur trois jours des températures minimales et maximales dépassent les seuils d’alerte minimum et maximum du département. "Plusieurs départements ont pu connaître des situations d’exposition à la chaleur, proches des seuils d’alerte sur une longue durée sans être considérés en canicule", a-t-il précisé.
Dans le détail, SPF a recensé 2 816 morts en excès, toutes causes confondues lors des trois épisodes de canicule de l’été dans les départements concernés par un dépassement des seuils d’alerte.
Une hausse de +16,7% est observée par rapport au nombre de décès attendus par l’organisme, selon une estimation réalisée sur la base des cinq dernières années. Ce pourcentage s’élève à +19,9% dans les départements placés en vigilance rouge par Météo France. L’été 2022 présente ainsi l’excès de mortalité le plus important depuis l’instauration du Plan national canicule, en 2004.
Quatre régions sont fortement touchées par ces décès en cumulant près de deux tiers de l’excès national de mortalité : Auvergne-Rhône-Alpes (+ 473 décès), Nouvelle-Aquitaine (+ 436 décès), Occitanie (+ 509 décès) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (+ 316 décès). Il s’agit des "régions les plus touchées par les canicules, de manière plus intense dans le Sud-Ouest et de manière répétée et durable dans le Sud-Est", selon SPF.
Sur les 10 420 morts supplémentaires, Santé publique France a recensé 5 735 décès dus à la Covid-19. Pendant les canicules, l’organisme en a compté 894, sur un total de 2 816 décès en excès. Guillaume Boulanger, responsable de l’unité qualité des milieux de vie et du travail et santé des populations à SPF, a apporté plus de précision lors d’un point-presse. "Ces décès ne peuvent pas être soustraits de la surmortalité observée pendant les canicules", a-t-il noté. Selon ses dires, le coronavirus a pu augmenter la vulnérabilité à la canicule pour certaines personnes, et en revanche, l’exposition à la chaleur a pu aggraver l’état de certains malades atteints par la Covid-19.
Avec 2 272 décès en excès, les plus de 75 ans sont les plus touchés par les épisodes caniculaires, soit un excédent de + 20,2%. Sébastien Denys, directeur Santé environnement travail à SPF, a toutefois, souligné que la température constitue un risque important pour la santé de l’ensemble de la population.
L’organisme sanitaire a ainsi recensé plus de 20 000 recours aux soins pendant la période de surveillance pour hyperthermie, déshydratation et hyponatrémie.
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