Une quinzaine de militants d’Act Up ont manifesté mercredi devant le ministère de la Justice à Paris pour dénoncer la "situation intolérable" des séropositifs en prison, demandant leur libération pour permettre un suivi médical, a constaté une journaliste de l’AFP.
PARIS (AFP) - Une quinzaine de militants d’Act Up ont manifesté mercredi devant le ministère de la Justice à Paris pour dénoncer la "situation intolérable" des séropositifs en prison, demandant leur libération pour permettre un suivi médical, a constaté une journaliste de l’AFP.
Les militants ont brièvement déployé une banderole "Sida, la prison tue" devant l’entrée de la Chancellerie, place Vendôme (Ier arrondissement), et certains se sont enchaînés aux grilles des fenêtres, scandant : "MAM, Bachelot achèvent les séropos".
Act Up affirme avoir envoyé fin avril une lettre ouverte et une demande de rendez-vous à la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, et à celle de la Santé, Roselyne Bachelot, mais se heurte à "un silence méprisant vis-à-vis de prisonniers et des associations qui les soutiennent", a déclaré à l’AFP Laura Petersell, chargée du sida en prison à Act Up.
"Il y a un suivi en prison mais extrêmement insuffisant et pas de soutien psychologique ni social. De plus, les conditions d’incarcération avec le manque d’hygiène, la promiscuité, l’insalubrité multiplient les risques de maladies opportunistes et de co-infection" avec des hépatites, a-t-elle expliqué.
L’enquête DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) de 2003, la plus récente sur le sujet et basée sur des données déclaratives, fait état d’un taux de prévalence VIH en prison de 1,1% et de l’hépatite C de 3,1% soit, selon Act Up : "3 à 5 fois plus" que dans la population totale pour le VIH et "5 à 8 fois plus" pour le VHC.
L’association de lutte contre le sida réclame la libération des détenus séropositifs pour leur permettre d’être suivis en évitant des ruptures de traitement (facteurs favorisant la résistance du virus aux médicaments), en appliquant une suspension de peine pour raison médicale prévue dans la loi du 4 mars 2002 ou d’autres aménagements de peines et alternatives à la prison.
Le ministère de la Justice a déclaré à l’AFP que "les critiques formulées" étaient "infondées et risquées". "Il ne faudrait pas stigmatiser une catégorie de détenus en fonction de sa maladie, ça nous semble contreproductif", a fait valoir Guillaume Didier, porte-parole, rappelant que le ministère de la Santé "a la charge de la santé en prison".
"Les suspensions de peine pour raison médicale sont décidées par des juges indépendants au regard de l’état de santé d’un détenu : on ne peut pas demander au ministre de la Justice de libérer des détenus comme cela, il y a des procédures !", a expliqué M. Didier.
Il a également rappelé qu’existaient déjà la mise à disposition gratuite de préservatifs pour les détenus notamment dans les infirmeries (budget de 42.000 euros en 2009), la proposition systématique de dépistage du VIH et des hépatites à l’entrée en prison, la proposition de vaccination contre l’hépatite B, ainsi qu’un accès aux traitements de substitution pour les toxicomanes.
De plus, une convention-cadre a été signée en 2007 avec l’association Aides lui permettant d’engager des actions de médiation, de soutien aux familles, de préparation à la sortie et de suivi à l’extérieur pour éviter les ruptures de prise en charge des malades.