Nourries par un sentiment de culpabilité et de honte, les victimes de viols se replient sur elles-mêmes et n’osent pas porter plainte. Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a récemment rendu un rapport sur la situation en France.
Le rapport du HCE rendu public mercredi a été remis à la ministre des Droits des Femmes Laurence Rossignol. En un an, l’organisme a enregistré en France 84 000 femmes âgées entre 18 et 75 ans et 14 000 hommes victimes de viol. Cependant, seules 10 461 plaintes de femmes et 1 655 plaintes d’hommes ont été déposées. Sur l’ensemble de ces faits, moins de 1100 ont été condamnés judiciairement à savoir 765 hommes de plus de 15 ans, 304 hommes de moins de 15 ans et six femmes. "Parmi toutes les femmes violées, à peine 10 % vont porter plainte. Et pour ces 10 % de plaintes, seule une sur dix débouchera sur un procès aux assises aura lieu. Au final, moins d’un pour cent des violeurs sont condamnés", a confié Dr Emmanuelle Piet, présidente du collectif féministe contre le viol (CFCV) au Parisien.
Le viol est toutefois un acte clairement défini par le Code pénal. Mais les victimes ont souvent du mal à divulguer ce qu’ils ont vécu et lorsque les faits sont enfin dévoilés, il est souvent trop tard. Des associations ont alors vu le jour pour que les victimes puissent s’exprimer. "Les victimes de viol, souvent, ne portent pas plainte parce qu’elles éprouvent un sentiment de honte et de culpabilité et s’enferment dans cet état. Les accompagner demande une écoute et une disponibilité particulières", a déclaré Me Martine Moscovici, avocate citée par 20 Minutes.
Dans cette perspective d’aider les victimes, le HCE propose cinq axes de travail afin de mieux prendre en compte les personnes ayant subi un viol. Il s’agit dans les détails de la sensibilisation de la société, de donner des formations aux professionnels, sans oublier la mise en place de l’accueil, protection et accompagnement des victimes, le traitement judiciaire et l’éducation et protection des jeunes. Le Haut conseil appelle également à la responsabilité des médias, regrettant que ces violences soient classées dans la rubrique faits divers, mais pas replacées dans le contexte global de la domination masculine.
#ViolDénoncéEtAprès A17H, le @HCEfh rend public son "Avis pour une juste condamnation sociétale et judiciaire du #viol" pic.twitter.com/RO9Uz20rTp
— HCE (@HCEfh) 5 octobre 2016