En l’espace d’un an et demi, l’Hexagone a été frappé par trois attentats majeurs pendant lesquels plus de 200 personnes innocentes ont perdu la vie. Face à ces attaques à répétition, les Français ont perdu cette volonté de résistance et leur capacité à aller de l’avant semble s’épuiser.
Après trois attentats majeurs en 18 mois, les Français "sont épuisés". Ils continuent certes de formuler des messages de soutien, de déposer des bougies et des bouquets, mais leur capacité à encaisser le choc n’est plus le même qu’après les attentats de Charlie Hebdo et ceux du 13 novembre. Alors que les #JesuisCharlie ont envahi les réseaux sociaux après les attaques visant Charlie Hebdo, #Jesuisépuisé est aujourd’hui en vogue après l’attentat de Nice. Pour expliquer cette situation, le sociologue Michel Wievorka a confié sur 20 Minutes qu’il n’est pas évident de s’habituer à de tels actes. "On sait qu’il nous faut vivre dans un climat de violence, mais c’est une chose de savoir que c’est possible qu’il se passe quelque chose et une autre de s’y habituer".
Comparé aux précédents événements, le hashtag #Jesuisépuisé résume le sentiment de nombreux Français. "Ce sont les ressources que les gens mettent en place pour lutter qui s’épuisent", a de son côté estimé le Dr Aurore Sabouraud-Séguin, psychiatre et directrice du Centre de psychotrauma de l’Institut de victimologie à Paris. Selon cette dernière, l’optimisme diminue après la répétition des attaques et le sentiment de danger. Et à cause des traumatismes à répétition, la capacité à aller de l’avant s’épuise. En réalité, les Français n’ont plus la même force que lors des premiers attentats. "On sait qu’en ce moment, le tissu social et professionnel est fragile, donc pour les gens qui font face à la pauvreté, au chômage, à la dépression, il est très difficile de supporter tout ça", explique la psychiatre.
Les Français se trouvent accablés par la série d’attentats meurtriers qui ont endeuillé le pays, mais les propos des représentants de la nation ne seraient ni apaisants ni rassurants. "L’accablement dans lequel entre notre société nous place dans une logique inquiétante : le débat politique semble pourri de tous côtés, on sent clairement monter les tensions notamment dans certains quartiers où les musulmans et les identitaires s’affrontent, des parlementaires font des propositions inadaptées…", constate le sociologue Michel Wievorka. "Les Français se méfient beaucoup de la classe politique et chez certains cela peut se transformer en un vote radical qui apparaît comme une solution miracle", a-t-il ajouté. Pour preuve, le Premier ministre Manuel Valls a été hué ce lundi en assistant à la minute de silence sur la Promenade des Anglais.
Avec ce sentiment de "trop c’est trop" ajouté à la cacophonie politique, la violence peut gagner du terrain, mais ne sera jamais la meilleure solution. Selon la psychiatre Aurore Sabouraud-Séguin, seules "l’harmonie et la compassion" pourront apaiser les esprits affectés par trop de drames. Si d’autres attentats venaient encore à se présenter, ces "envies de paix" risquent d’être encore mises à mal.
Consultez notre dossier sur la société en France.
Je suis épuisé https://t.co/eXP73wz3n7#JeSuisEpuise #prayforpeace #PrayForNice pic.twitter.com/HbQVXMhvbx
— Better Bets (@BetterBetsNY) 18 juillet 2016