Une femme gendarme dénonce dans un livre le harcèlement dont elle affirme avoir été victime au sein de sa brigade. Elle a également déposé plainte contre son supérieur hiérarchique auprès du doyen des juges d’instruction.
La femme gendarme s’appelle Seaade Besbiss et est âgée de 28 ans, rapporte le site 20minutes.fr à qui elle a accordé une interview exclusive. Le livre qu’elle vient de sortir et dans lequel elle dénonce le harcèlement qu’elle a vécu dans sa brigade s’intitule : "Je voulais juste être gendarme". Ancienne égérie de la gendarmerie, la jeune femme a, par le passé, déposé une première plainte restée sans suite. Elle a donc redéposé plainte contre son supérieur hiérarchique auprès du doyen des juges d’instruction de Nanterre.
Seaade Besbiss pointe du doigt le comportement et les remarques déplacées et les harcèlements dont elle aurait été victime entre janvier 2013 et mai 2014. Elle soutient que son supérieur lui aurait fait payer son refus à des avances par des tâches ingrates, des intrusions dans son logement de fonction, des menaces et des insultes sexistes.
Née en Alsace, une région où les gendarmes étaient compétents, Seaade Besbiss les voyait aider les gens. C’est la raison pour laquelle elle a choisi de rejoindre la gendarmerie. Elle entre en fonction en janvier 2011. Si elle dit dans son livre que le métier de gendarme demande beaucoup de psychologie et d’humanité, c’est pourtant tout le contraire qu’elle décrit. "En dénonçant ce qui m’est arrivé, je ne veux pas jeter l’opprobre sur la gendarmerie, je veux que la personne qui a commis ces faits soit punie. La plupart des gendarmes font bien leur travail, mais ils pensent à leur carrière, ils veulent monter en grade, donc ils ne disent rien et regardent sans broncher des collègues être victimes de certains supérieurs", explique-t-elle.
Seaade Besbiss affirme avoir d’abord fait appel au dispositif en ligne Stop discri, qui permet de dénoncer les discriminations dont peuvent être victimes les gendarmes. L’Inspection générale de la gendarmerie (IGGN) a été saisie. Mais elle a dédramatisé ce qu’a fait son supérieur et lui a dit : "si vous étiez moins féminine, ça ne serait pas arrivé".
La femme gendarme raconte avoir été auditionnée par deux hommes. Elle dit ne pas comprendre que ceux-ci utilisent sa féminité en tant qu’égérie, et qu’ensuite, ils la lui reprochent. "On m’a répondu qu’il n’y avait pas de fumée sans feu. Ils ont estimé que lorsque mon supérieur est entré chez moi sans sonner et en utilisant le double des clés, il s’agissait en fait de maladresse. Moi j’appelle ça une violation de domicile", s’insurge-t-elle.
Beaucoup de femmes gendarmes lui ont écrit pour lui dire qu’elles vivent la même chose, mais qu’elles n’osent pas se plaindre, selon toujours Seaade Besbiss. Les raisons en sont multiples : la peur de perdre son emploi et son logement. Certaines ne sont plus gendarmes et lui disent qu’elles auraient aimé avoir la même force qu’elle. Elles ont parfois laissé tomber un métier qu’elles aimaient à cause de ce qu’elles subissaient, selon la jeune femme.
L’IGGN a considéré qu’il n’y a aucune preuve de ce qu’avance Seaade Besbiss. Elle a été auditionnée, tout comme le patron d’une boîte de nuit où elle allait pour savoir si les rumeurs étaient vraies concernant un job de gogo danseuse qu’elle exercerait en plus de mon métier de gendarme. Les enquêteurs n’ont rien trouvé. Elle a été mise à l’écart et en arrêt maladie d’office, sans avoir été auscultée. Aujourd’hui, son contrat a pris fin. Elle a tenté de passer le concours de sous-officier, et c’est là qu’elle a compris pourquoi elle a été mise en arrêt maladie : cela l’empêchait de passer l’épreuve sportive du concours.