Le coauteur d’une théorie selon laquelle l’année 15 de chaque siècle était à chaque fois, un tournant dans l’histoire s’est exprimé dans une interview exclusive où il se dit encore pessimiste pour 2016.
En 2014, Bernard Lecherbonnier et Serge Cosseron, l’un est agrégé de lettres et l’autre historien spécialiste des mouvements sociaux, ont publié "La fatalité de l’an XV". Un ouvrage qui expliquait que l’année 15 de chaque siècle était, à chaque fois, un tournant dans l’histoire. Plus spécifiquement dans l’histoire française. Alors que l’année 2015 s’achève, Bernard Lecherbonnier a passé en revue sur 20 Minutes les évènements qui ont marqué l’année. L’occasion de donner également ses appréhensions pour l’année 2016.
Les trois grands évènements de 2015
D’emblée, le chercheur affirme que l’année 2015 sera gravée dans l’histoire. Pur cause les trois évènements qui ont été déjà prédits en 2014 et qui se sont réalisés l’année d’après. Soit : "la vague d’attentats qui a frappé la France. Ensuite, les guerres en Ukraine et en Syrie, qui ont déstabilisé le monde et plus particulièrement l’Europe. Et puis, enfin, il y a cette maladie qui a atteint notre démocratie et dont les effets se sont manifestés cette année lors des élections : notre régime politique est en crise, ses acteurs ne savent plus faire des propositions et ils ont laissé le Front national devenir une alternative", explique Bernard Lecherbonnier.
L’année 2015 similaire à l’année 1715
Le chercheur a expliqué que s’il devait comparer l’année 2015 à une autre année de l’histoire, se serait 1715, "l’année de la mort de Louis XIV", affirme-t-il. "La France sort alors appauvrie de sa fin de règne, les guerres se sont multipliées et le pouvoir politique est sclérosé. Un peu comme aujourd’hui. Par la suite, le XVIIIe a pourtant vu l’arrivée d’une nouvelle génération politique et l’émergence de nouvelles idées portées par les Lumières. C’est ce que j’espère pour le XXIe siècle", renchérit-il. Mais Bernard Lecherbonnier reste pessimiste : "La question qui va se poser, c’est de savoir si nous sommes capables, nous aussi, de donner naissance rapidement à une nouvelle génération active", confie-t-il. "Economiquement, le paysage a commencé à changer. Mais politiquement, ce n’est pas le cas : les jeunes ne votent plus, ne croient plus dans les institutions, mais ils n’ont pas pour autant créé de nouvelles forces politiques", poursuit le chercheur.
Qu’en est-il de 2016 ?
"On entre tout juste dans une période de trouble. La clé, c’est la politique", note-t-il en évoquant son pessimisme pour 2016. "Tant qu’on n’aura pas trouvé une nouvelle manière de construire l’Europe, on ne sortira pas de la crise", explique-t-il. Enfin, il avance une solution pour la France et invite "changer les institutions, pour entériner la fin du bipartisme". Pour Bernard Lecherbonnier, la question à se poser est au final : "Chaque siècle change profondément quand il atteint quinze ans… Saurons-nous, comme nos ancêtres, faire face aux défis de notre futur ?".
Les trois grands évènements évoqués par Bernard Lecherbonnier
L’attaque Charlie Hebdo et les attentats de Paris
La crise des migrants
La montée du Front national aux élections régionales