Professeur des universités en droit public, Mathieu Maisonneuve, commente la prise de parole du président de la République devant le Congrès.
Mathieu Maisonneuve, Professeur des universités en droit public, est l’invité du Journal Télévisé d’Antenne Réunion. Il commente la prise de parole de François Hollande devant l’ensemble des parlementaires.
Au sujet du discours devant le Congrès, le professeur rappelle que c’est un événement exceptionnel : "C’est une chose rarissime, c’est seulement la 2è fois. C’est un symbole de l’unité nationale qui est mise à mal."
Il rappelle que face au jihadisme, la situation est différente : "Une guerre classique d’un pays contre un autre non, une guerre juridique, non. Une guerre dans le sens où on a un ennemi et qu’il y a des morts, Oui."
Pour lui, il n’y a pas forcément beaucoup de mesures à prendre : "On a déjà un arsenal important, on a voté une loi sur le terrorisme, sur le renseignement, on peut déjà faire beaucoup. Là, on peut faire un peu plus. L’état d’urgence est valable pour douze jours."
Mathieu Maisonneuve rappelle qu’il y a "tension entre la sécurité et la liberté. Où mettons-nous le curseur ? C’est difficile de le placer à un endroit où l’on ne renie pas ses valeurs mais on se protège. Oui, il y a un échec, mais c’est facile de le dire après."
Il s’interroge : "Est-ce qu’il était possible de faire mieux ? Est-il possible d’empêcher ces actions ? Est-ce que même en faisant plus ?"
L’intervention de François Hollande
Le professeur de droit commente le discours du président de la République : "Un discours guerrier qui a parcouru tout le discours. Un autre mot est revenu, l’état de droit. C’est la guerre, mais rassurant, on ne renie pas nos valeurs. Un troisième mot "Volontariste" avec le renforcement de ce dont on dispose."
Pour Mathieu Maisonneuve, François Hollande matérialise pour la première fois le jihadisme en l’État Islamique : "L’ennemi, c’est Daesh. Il a dit qu’il faut détruire l’ennemi. Il y a la distinction faite entre Bachar Al-Assad et Daesh. Il a précisé qu’il y a l’avenir de la Syrie qui ne doit pas se faire avec Bachar et il y a un objectif imminent, c’est Daesh."
Quant à la guerre, la France ne sera pas seule. Mathieu Maisonneuve explique : "Il en appelle aux États-Unis, à la Russie, à l’Union Européenne. Lorsqu’un état de l’Union est attaqué sur son sol, les autres lui doivent la solidarité."
Pour ce qui est de la demande de modification de la Constitution, le professeur de droit explique les raisons : "Il y a aujourd’hui dans la constitution, deux régimes d’exception. L’article 16, et l’article 36 sur l’État de siège. Ils ne sont pas adaptés à une guerre que nous menons. François annonce une troisième voie. Il se réfère aux positions du comité Balladur, l’idée est de constitutionnaliser l’État d’urgence qui existe aujourd’hui comme une loi."