Le nombre de familles monoparentales a augmenté de 78% en 21 ans, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des Affaires sociales.
Célibataires, séparés, divorcés ou veufs, les pères et les mères qui élèvent seuls leurs enfants ne sont plus une exception dans la société française. Une étude de la Dress a analysé l’évolution des "parents isolés" depuis 1990 où 900 000 parents étaient dits "isolés", soit 7% de l’ensemble des parents d’enfants mineurs. En 2011, ces familles étaient 1,6 million, soit plus d’une sur huit, et concernaient 2,4 millions d’enfants (18 % des mineurs). En somme, "la monoparentalité n’est pas un phénomène nouveau, mais elle ne cesse de prendre de l’ampleur", souligne la Drees. L’étude en question portait sur la période 1990-2011.
L’étude publiée mercredi révèle que le profil des familles monoparentales a fortement évolué. En effet, il apparaît que l’image traditionnelle de la mère isolée après un divorce, élevant seule ses enfants, n’est plus la caractéristique principale d’une famille monoparentale. La grande majorité des parents "isolés" restent des femmes (85%). Mais le nombre de pères à la tête de familles monoparentales a plus que doublé en 21 ans, passant de 100 000 en 1990 à 240 000 en 2011, soit 15% (+ 4 points).
La loi de 2002 favorisant la résidence alternée a pu contribuer à cette évolution, note l’étude. Ceci "montre que les modèles familiaux n’obéissent plus du tout à des stéréotypes", commente pour l’AFP Jean-Philippe Vallat, directeur d’études à l’Unaf (Union nationale des associations familiales), qui doit publier prochainement une étude sur les pères seuls avec enfants.
Près de la moitié des parents isolés sont célibataires, un tiers sont divorcés, 15% sont mariés et 5% seulement sont veufs. La catégorie des familles monoparentales recouvre une diversité de situations familiales : 130 000 parents isolés ont un conjoint qui vit dans un autre logement, avec lequel ils passent une partie de leur temps. Cette non-cohabitation peut s’expliquer en partie par une mise en couple récente. Près de 80 000 enfants mineurs ont par ailleurs des parents en couple, mais qui ne cohabitent pas.
L’étude révèle également que ces parents isolés présentent des points communs : hommes comme femmes sont souvent une situation plus précaire que ceux en couple, avec un niveau de vie plus bas et des difficultés sur le marché du travail. "Ils cumulent à la fois des taux de chômage et d’inactivité plus élevés et une qualité de l’emploi dégradée [temps partiel, CDD, emplois aidés]", relève l’étude.
Leur taux de chômage atteint 16% et celui de longue durée 47% contre respectivement 7% et 37% pour les parents en couple. Cela s’explique en grande partie par la proportion importante de femmes, plus défavorisées sur le marché du travail, parmi les familles monoparentales. Mais pas seulement : les pères isolés sont aussi plus souvent au chômage que leurs homologues en couple, même si leur situation est moins dégradée que celle des mères seules.