La menace qui pèse sur les soldats français est bien réelle après la mise en ligne de CV militaires lors du piratage de TV5 monde. La protection de l’anonymat des forces engagées contre l’État islamique devient cruciale.
La cyberattaque dont été victime mercredi soir la chaîne TV5 Monde fait entrer la France dans une guerre d’un nouveau genre, à prendre au sérieux, selon la presse ce vendredi. Le Figaro a relancé le débat sur l’anonymat des soldats français impliqués dans les opérations contre l’État islamique. Pour l’heure, la protection de l’anonymat reste une tâche compliquée pour les autorités face à l’usage des réseaux sociaux.
Lors du piratage du site de TV5 Monde, les cyberdjihadistes ont mis en ligne des documents présentés comme des pièces d’identité et des CV de proches de militaires français qui combattent le groupe terroriste. Pour sa part, le ministère de la Défense a déclaré ce vendredi matin qu’"il est trop tôt pour tirer des conclusions".
Pourtant, la menace envers les soldats français est bien réelle, juge Le Figaro. En effet, face à la propagation du cyberdjihadisme et des réseaux sociaux, la protection de l’anonymat devient de plus en plus difficile à gérer. Néanmoins, l’Armée française prend régulièrement les mesures adéquates pour éviter de divulguer l’identité de ses soldats. Sur sa page Facebook par exemple les visages des militaires n’apparaissent jamais. De même dans les reportages diffusés par la presse où les barrettes avec les noms des soldats sont supprimées et les noms et les grades remplacés.
"C’est une problématique qui nous importe", confirme l’Etat major des armées, "même si nous n’avons pas encore reçu de menaces explicites". "Les noms des pilotes qui bombardent l’État islamique ne sont jamais donnés, mis à part les chefs d’opération. Ainsi, sur l’équipage du Charles de Gaulle parti rejoindre l’opération Chammal, seul le nom du "pacha" (chef de vaisseau) a été donné".
Mis à part les mesures prises par l’Armée française, les autorités estiment également que les militaires eux-mêmes doivent prendre leur responsabilité et arrêter de s’exhiber sur les réseaux sociaux d’ailleurs, un "Guide du bon usage des médias sociaux" a été édité à destination des soldats. "Dans les conflits modernes, nos "ennemis" scannent régulièrement le web (réseaux sociaux, blogs, forums, sites personnels…) à la recherche d’informations sensibles et pour détecter nos vulnérabilités. Il convient donc d’être extrêmement vigilant", peut-on y lire.
Selon des sources gouvernementales américaines et britanniques, le CyberCaliphate aurait été fondé par un jeune britannique. Junaid Hussain, âgé d’une vingtaine d’années, s’était fait connaître en 2012 après avoir piraté le carnet d’adresses de Tony Blair, sous le blason du groupe de pirates Team Poison. Il avait écopé pour cela de six mois de prison, avant de quitter le pays pour la Syrie.