Invitée au Talk du Figaro ce lundi, Pascale Boistard, la ministre des Droits des femmes a déclaré que le voile n’a pas sa place à l’université.
Lors d’une interview au Figaro lundi 2 mars, la ministre des droits des Femmes s’est avancée sur un terrain glissant en abordant le port du voile à l’université.
"Ce n’est pas une obligation"
"Je n’y suis pas favorable, même si ce n’est pas une obligation", a déclaré Pascale Boistard. La ministre témoigne néanmoins d’une grande prudence car elle refuse de s’aventurer sur la mise en œuvre d’une éventuelle interdiction. Il appartient aux présidents d’université de discuter avec les étudiantes, a-t-elle indiqué. Alors que le journaliste lui demande s’il faut légiférer, elle a répondu qu’il faut pouvoir en discuter. Argumentant que l’université est un lieu d’ouverture où il est possible de parler de tout constamment, la ministre s’oppose à l’idée que le voile fasse partie de l’enseignement supérieur.
Une proposition surtout entendue à droite
Cette proposition a surtout été entendue à droite notamment avec l’adoption il y trois semaines par le bureau politique de l’UMP d’une proposition d’interdiction du voile à l’université. Selon un communiqué de Lydia Guirous, nouvelle secrétaire de l’UMP aux valeurs de la République, le parti d’opposition estime que la laïcité ne doit pas "s’arrêter aux portes de l’université". Elle propose que la loi de 2004, qui interdit les signes ostentatoires d’appartenance religieuse dans l’enseignement secondaire, s’étende "à l’enseignement supérieur afin de garantir la neutralité religieuse et permettre un enseignement sans pression, sans intrusion du fait religieux".
Geneviève Fioraso contre l’interdiction du voile à la fac
Dans le camp gauche, Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche estimait en 2013 que le voile à l’université "ne posait pas de problème", rappelant "qu’aucune université n’avait saisi le ministère". Alors que Manuel Valls occupait encore le poste de ministre de l’Intérieur, il était moins réticent face à une éventuelle interdiction. "Des situations mériteraient d’avoir plus de cohérence : dans les universités c’est possible, dans les IUT c’est interdit", avait-il souligné. A l’époque, un sondage Ifop avait révélé que plus des trois quarts des Français (78%) s’opposait au port du voile à l’université.