663 000 femmes et 280 000 hommes ont subi des violences physiques ou sexuelles au sein de leur ménage, selon une étude menée en 2008, 2009 et 2010 par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Ce constat est d’autant plus alarmant que les victimes sont en grande majorité des femmes. De surcroît, nombre d’entre elles préfèrent se murer dans le silence.
Mardi 12 juillet, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a publié les résultats de ses trois volets d’enquête "Cadre de vie et sécurité" menés auprès de 40 000 personnes de 18 à 75 ans sur une période de deux ans.
Selon cette étude, les deux tiers des victimes féminines affirment avoir subi à plusieurs reprises des actes violents. 90 % d’entre elles se disent avoir été victimes de violences physiques, et près de 19 % de violences sexuelles. Plus concrètement, environ 80 000 "ont été victimes d’au moins un viol ou une tentative de viol au sein du ménage".
L’enquête définit trois types d’auteurs des violences, à savoir le conjoint, les membres de la famille et les personnes du ménage hors famille. Presque la moitié des femmes - 44,6 % - désignent leur conjoint comme leur agresseur.
Un fait inquiétant, peu de victimes osent parler de ce qu’elles vivent. D’après l’ONDRP, seulement 18,7 %, hommes et femmes confondus, ont consulté un médecin à la suite de ces violences. Pis, chez les femmes qui ont subi des violences sexuelles, elles étaient moins de 11 % à avoir vu un médecin.
Autre problème, beaucoup de victimes refusent de dénoncer leurs agresseurs. Selon le rapport, plus de 80 % des victimes n’ont prévenu ni la police ni la gendarmerie. De plus, seulement "près de la moitié" de celles qui ont alerté les forces de l’ordre ont porté plainte.
En conséquence, la loi du silence et l’impunité continuent de sévir, plombant les efforts de la lutte contre les violences conjugales. "Ce n’était pas grave", on va "trouver une autre solution" ou "cela n’aurait servi à rien"… Ces propos résignés ont été régulièrement cités par les victimes, selon l’Observatoire.
En outre, environ un quart des femmes qui ont eu le courage de dénoncer les faits évoquent "la peur de représailles". Cette peur ainsi que le fameux "que cela se sache" sont fréquemment cités par plus de la moitié des victimes de viols ou de tentatives qui ont choisi de se taire.