La ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem estime que « l’acceptation de leur présence doit être la règle ». Elle s’appuie sur un rapport du Conseil d’État dans cette prise de position.
Le Figaro se pose aujourd’hui la question s’il s’agit d’une nouvelle vision de la laïcité à l’Education nationale. Celle des accompagnateurs de sorties scolaires reste suspendue depuis plusieurs mois, et c’est un signal que Najat Vallaud-Belkacem envoie en faveur des mères voilées. Elle se démarque en s’écartant de la position de l’un de ses prédécesseurs, Vincent Peillon.
Peillon réaffirmait en effet le bien-fondé de la circulaire Chatel, qui, en 2012, posait la possibilité d’interdire de sortie les parents manifestant « leurs convictions religieuses, politiques ou philosophiques », en décembre 2013.
« Le principe, c’est que, dès lors que les mamans ne sont pas soumises à la neutralité religieuse (…), l’acceptation de leur présence aux sorties scolaires doit être la règle et le refus l’exception », a expliqué Najat Vallaud-Belkacem, entendue le 21 octobre dernier par l’Observatoire de la laïcité.
« Au moment où je veux absolument renouer le lien de confiance, qui s’est distendu, entre les parents et l’école, tout doit être mis en œuvre pour éviter les tensions », a argumenté la ministre. Elle s’appuie sur un rapport du Conseil d’État datant de décembre 2013 dans cette prise de position.
Interpellée par le Défenseur des droits qui faisait état de « zones grises », la plus haute juridiction administrative avait estimé que les accompagnateurs n’étant ni « agents » ni « collaborateurs » du service public, ils n’étaient pas soumis aux « exigences de neutralité religieuse », tout en laissant possibles certaines restrictions liées au trouble à l’ordre public.
Il y avait une certaine ambiguïté dans cet avis qui laisse au fond la laïcité entre deux eaux. Après les déclarations de Mme Vallaud-Belkacem , les parties concernées par l’affaire réclament plus que jamais des éclaircissements.
Les mères voilées évoquent « un espoir ». « Elle doit maintenant aller jusqu’au bout », demande le collectif Mamans toutes égales (MTE) qui exige l’abrogation de la circulaire Chatel, jugée « illégale et stigmatisante ».
Les « responsables de terrain » apprécient le « cadeau » de la ministre, car c’est à eux effectivement que revient la tâche de trouver un « équilibre » dans les cas délicats.
« Il peut y avoir des situations particulières, liées par exemple au prosélytisme religieux, qui peuvent conduire les responsables locaux à recommander de s’abstenir de manifester leur appartenance ou leur croyance religieuse », a précisé Najat Vallaud-Belkacem devant l’Observatoire de la laïcité.